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La santé mentale dans une logique de parcours

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Des moyens maintenus pour la psychiatrie hospitalière, une réforme du financement, des rapprochements avec la santé somatique, un accent mis sur la pédopsychiatrie, la prévention du suicide et les soins post-traumatiques. La ministre des Solidarités et de la Santé a livré sa feuille de route pour la prise en charge psychiatrique.

Ces dernières années, « pléthore de rapports » ont été consacrés à la santé mentale, mais ils « n’ont donné lieu qu’à peu d’actions concrètes », a taclé Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, en clôture du Congrès de l’encéphale, vendredi 26 janvier à Paris. « La psychiatrie ne sera plus le parent pauvre […], car j’en fais une priorité de santé », a-t-elle promis, présentant dans un long discours une série de mesures « d’urgence » pour ce secteur, inspirées de recommandations de professionnels.

Ce « plan d’action » vise à « sortir d’une vision stigmatisante » de la maladie mentale, tout en concevant la prise en charge « dans toutes ses dimensions : le soin tant psychiatrique que somatique, l’inclusion sociale, la réinsertion et l’accès au droit commun ».

« Nous devons coûte que coûte préserver l’autonomie et intégrer socialement les personnes malades », a clamé la ministre. Elle s’est peu étendue sur ce point, mais a affirmé que les projets territoriaux de santé mentale (PTSM), instaurés sous la précédente majorité par la loi de santé du 26 janvier 2016(1), devraient « nouer un lien entre médical, médico-social et social ». Elle a évoqué de futures recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) concernant ces projets, sans avancer de date.

De façon générale, « l’organisation des soins met trop de distance entre les établissements spécialisés en santé mentale, les hôpitaux généraux et les praticiens de ville, de médecine somatique ou de psychiatrie », constate la ministre. Elle compte donc « renforcer les coopérations » entre ces deux champs, en s’appuyant sur les groupements hospitaliers de territoire (GHT), les communautés psychiatriques de territoire, les fameux PTSM (projets territoriaux de santé mentale), mais aussi la télémédecine.

Au sein de la santé mentale, le plan cible plusieurs domaines spécifiques. Comme la pédopsychiatrie, pour laquelle des recrutements de professeurs des universités et de chefs de clinique assistants sont prévus. Ou encore la prise en charge des patients psychotraumatisés (victimes d’attentats, femmes subissant des violences, migrants…) : au-delà de la création de dix unités hospitalières spécialisées en 2018, déjà annoncée par Emmanuel Macron, Agnès Buzyn prévoit d’intégrer ce thème à la formation initiale de tous les médecins.

Pour la prévention du suicide, elle compte généraliser « dans les deux ans » le dispositif expérimental de « recontact » des personnes ayant attenté à leurs jours, pour garder le lien après leur sortie des urgences hospitalières. Le patient reçoit un numéro de téléphone à composer en cas de besoin et à chaque appel, un compte rendu est adressé « aux correspondants médicaux » de la personne. Un système qui « a fait ses preuves dans cinq régions et un département », selon la ministre.

Fin des dotations historiques

En ce qui concerne les finances, elle entend veiller « à ce que le budget de la psychiatrie soit préservé dans les groupements hospitaliers de territoires et dans les hôpitaux généraux ». Elle n’a pas fourni de chiffres. Pour rappel, Agnès Buzyn avait fait savoir en septembre qu’elle mettrait fin aux dérogations qui ont permis à quelques hôpitaux psychiatriques de rester à l’écart des GHT, sous la précédente majorité.

La question du mode de financement des hôpitaux psychiatriques va être remise sur la table. La ministre veut rompre avec le système actuel « des dotations historiques », source « d’importantes inégalités entre régions et établissements ». « Nous devons faire évoluer à terme ce modèle, pour soutenir davantage la dynamique de projets, et pour valoriser la qualité des prises en charge, dans une logique de parcours », a-t-elle prudemment glissé, sans plus de précisions. Des indicateurs devront être définis pour « réviser l’allocation des ressources ».

A plus brève échéance, la psychiatrie va être « l’une des premières disciplines concernées » par les expérimentations de « financement au parcours » prévues par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 (art. 51). Elles devront permettre « des paiements globaux » pour une « séquence complète de soins » à l’hôpital comme en dehors, ou « la prise en charge coordonnée et globale d’une patientèle par [plusieurs] opérateurs de santé », avait expliqué le gouvernement à l’automne.

En matière de pertinence et de qualité des soins, Agnès Buzyn a promis, là encore, de nouveaux indicateurs qui seront définis pas la HAS. Ils pourraient concerner le recours aux médicaments, la précocité des diagnostics, les délais de prise en charge ou encore le taux de suicide. La ministre va par ailleurs promouvoir « la réduction du recours aux soins sans consentement en psychiatrie » et poursuivre le mouvement vers moins d’isolement et de contention.

D’autres points du plan portent sur la formation, comme l’obligation pour les futurs médecins généralistes de faire un stage en santé mentale durant leur formation. Ou encore une forme de spécialisation de certains infirmiers, par la création d’une formation à la psychiatrie en pratiques avancées (complétant celle du diplôme d’Etat) dès la fin 2018.

Agnès Buzyn a décidé « d’assurer personnellement » la présidence d’une nouvelle instance, baptisée « Comité stratégique de psychiatrie et de santé mentale ». Il va remplacer l’actuel Conseil national de santé mentale, précise la ministre dans une interview au quotidien Le Monde parue le 26 janvier.

Au-delà de ces annonces, la ministre entend présenter ultérieurement des mesures de « long terme », après une concertation « avec des professionnels », des « personnes concernées », ainsi que « leurs proches et leurs familles ».

Notes

(1) Voir ASH n° 3036 du 1-12-17, p. 43.

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