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La Fondation Abbé-Pierre dénonce la promiscuité subie

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Le rapport annuel sur le mal-logement, présenté le 30 janvier par la Fondation Abbé-Pierre, pointe le surpeuplement dans les logements(1). Même si « les conditions de logement en France se sont constamment améliorées depuis des décennies », le phénomène de suroccupation « reste prégnant aujourd’hui », annonce le rapport. Après avoir baissé pendant dix ans, le nombre de personnes concernées par cette « dimension du mal-logement » s’est fortement accru entre 2006 et 2013. Ils étaient plus de 7,5 millions à vivre dans un logement au surpeuplement « modéré » il y a cinq ans, soit une augmentation de 11,5 % par rapport à 2006. La hausse est encore plus forte pour les personnes en surpeuplement accentué : + 17,2 %, pour atteindre quasiment 1 million de personnes concernées en 2013. Pour la Fondation Abbé-Pierre, c’est la « démocratisation de l’intimité qui est menacée ».

Vie sociale « compliquée »

Dès 1987, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pointait une des conséquences directes – et majeures – du surpeuplement : le manque de sommeil. « La promiscuité subie ne permet à aucun des membres du ménage de se reposer correctement », rappelle la fondation. La vie sociale est également touchée par le surpeuplement, qui la rend « compliquée » et « restreinte » : les enfants ne peuvent pas inviter leurs amis chez eux, à cause du désordre qui règne dans le logement et de l’omniprésence des autres membres de la famille. Les enfants sont aussi « cicatrisés à vie » par le surpeuplement. Leur développement psychomoteur et affectif peut être « mis en péril » et leur scolarité « compromise », dénonce le rapport.

Pour les familles, le surpeuplement se traduit par des « projets ajournés » : avoir des enfants ou même concrétiser un projet professionnel est compliqué. Sur le même sujet, d’ailleurs, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) avait rappelé, en 2013, qu’un individu en situation de suroccupation avait, en 2013, 1,8 fois plus de risques d’être au chômage qu’une autre personne ayant le même profil mais vivant dans une situation de logement normale.

La Fondation Abbé-Pierre avance plusieurs solutions pour pallier ce phénomène. La première série de propositions consiste à faire du traitement du surpeuplement une « priorité », dont le renforcement de la priorité aux demandeurs HLM se trouvant dans une situation de suroccupation accentuée et l’élargissement des conditions d’éligibilité au droit au logement opposable « pour mieux prendre en compte le critère de surpeuplement ». La deuxième série consiste à traiter le surpeuplement « de façon indirecte », notamment en augmentant les moyens alloués aux dispositifs existants. Enfin, la troisième série de propositions poursuit l’objectif de « dégager une offre de logement plus adaptée », en particulier par la construction de nouveaux logements.

Plus globalement, la fondation dénonce même la politique actuelle du gouvernement sur le mal-logement, qui, selon elle, « donne la priorité aux coupes budgétaires et aux critiques contre l’encadrement du marché de l’immobilier au détriment de l’ambition affichée de protéger les personnes en difficulté ». Son rapport pointe, entre autres, « des coupes aveugles dans les APL » et une ponction des organismes HLM qu’elle qualifie de « saignée ».

Notes

(1) frama.link/Rapp_FAP2018.

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