Dans une note du 18 janvier dernier(1), le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Nils Muižnieks, plaide pour une politique de soins de santé plus adaptée aux besoins des personnes âgées. Il appelle les Etats membres à repenser les soins de longue durée et les soins palliatifs pour faire face au vieillissement démographique actuel. Il va même jusqu’à encourager une réflexion sur la mise en place d’un nouvel instrument juridique international à caractère contraignant.
Les personnes âgées présentent souvent une grande fragilité, parfois accompagnée de déficiences cognitives. Toutefois, leurs besoins ne sont pas toujours comblés et sont même parfois ignorés. D’après les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins 4 millions de personnes âgées sont victimes de mauvais traitements en Europe chaque année. Après la présentation de différentes études, Nils Muižnieks formule une série de recommandations aux Etats membres. Il leur demande par exemple d’assurer un financement adéquat des soins de longue durée afin de les rendre accessibles et « abordables », et de prendre en compte les besoins de formation des professionnels concernés et des soignants non professionnels. Il appelle aussi à veiller à ce que les personnes âgées puissent faire de « véritables choix » – comme rester chez elles, si elles le souhaitent – et à veiller à ce que les services de soins de longue durée fassent régulièrement l’objet d’un contrôle indépendant.
Parallèlement, le commissaire aux droits de l’Homme attire l’attention sur le besoin d’améliorer l’accès des personnes âgées aux soins palliatifs. Selon l’OMS, « la douleur est fréquemment sous-évaluée chez les sujets âgés ». Les carences dans le domaine des soins palliatifs, souligne le commissaire, se traduisent notamment par l’absence de politique en la matière et de formation des soignants au traitement de la douleur, ainsi que par des problèmes de réglementation et de disponibilité des opioïdes. En conséquence, il appelle les Etats membres à adopter, à l’instar de l’Italie, une loi sur les « directives anticipées » ou les « testaments de vie » qui permettent à une personne d’exprimer librement sa volonté concernant les soins auxquels elle sera soumise si elle n’est plus tout à fait consciente.
Et de conclure : « Le point commun de toutes ces questions est la nécessité de garantir aux personnes âgées la dignité, l’autonomie et l’autodétermination dans le cadre des soins et du choix du traitement, compte tenu des particularités de leur situation en matière de droits de l’Homme », indique Nils Muižnieks avant d’inviter le Conseil de l’Europe à s’inspirer des réflexions en cours aux Nations unies pour réfléchir à la pertinence d’un nouvel instrument juridique international à caractère contraignant en la matière.
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