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Agnès Buzyn : « Il faut de nouvelles formes de prise en charge de la dépendance »

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Dans l’interview exclusive qu’elle nous a accordée, la ministre des Solidarités et de la Santé reconnaît que le vieillissement de la population est un défi et affirme qu’elle présentera un plan pluriannuel de prise en charge des personnes âgées, dont les EHPAD constitueront un élément, mais pas le seul.
Les organisations syndicales du secteur social ont organisé un mouvement de grève pour dénoncer la situation des EHPAD. Vous avez débloqué en urgence 50 millions d’euros pour ces établissements. Quel va être le fléchage de cette enveloppe ? Et cette somme n’est-elle pas dérisoire par rapport à la situation des EHPAD ?

Agnès Buzyn : Ces 50 millions seront mis à la disposition des agences régionales de santé (ARS), qui les utiliseront pour soutenir les EHPAD. Nous ajoutons à cela 28 millions d’euros, qui seront spécifiquement alloués aux EHPAD en difficulté. Ce n’est ni la seule mesure ni la seule augmentation du budget destinée aux EHPAD. La loi de financement de la sécurité sociale, votée cet automne, prévoit d’ores et déjà 110 millions d’euros supplémentaires pour renforcer la prise en charge des soins. Parmi ces 110 millions, 72 millions d’euros sont destinés aux établissements pour leur permettre d’adapter leurs efforts. Enfin, 10 millions d’euros seront à la disposition des établissements pour recruter des infirmiers de nuit – ce qui répond à une demande jugée prioritaire par les EHPAD.

Les mesures que vous proposez sont-elles à la hauteur des enjeux de la prise en charge du vieillissement, qui est sans doute un des plus importants enjeux de société ?

A. B. : Assurer une bonne prise en charge du vieillissement me tient à cœur. Je suis tout à fait consciente de l’importance croissante de ce sujet pour les Français. La démographie nous impose de réfléchir à l’avenir ! En France, 1,5 million de personnes ont aujourd’hui plus de 85 ans ; d’ici à 2050, elles seront presque 5 millions. Répondre aux difficultés des EHPAD n’est donc pas uniquement une problématique financière – c’est un véritable projet de société, de vie sociale, auquel nous devons continuer de travailler. Pour les personnes accueillies, cela signifie assurer une grande qualité de soins et une personnalisation de la prise en charge. J’ai donc annoncé un plan d’action pluriannuel de lutte contre la maltraitance, qui s’appuiera notamment sur les travaux de la commission permanente « bientraitance » commune au Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) et au Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), mais aussi sur les travaux inscrits au programme du HCFEA en 2018. J’ai aussi demandé à ce que des enquêtes de satisfaction soient menées dans les EHPAD, et que les résultats soient publics. Les familles disposeront ainsi des informations nécessaires à un choix apaisé.

Pour les salariés des EHPAD, améliorer la prise en charge du vieillissement implique de les accompagner davantage dans leur formation et parcours professionnels. Il faut aussi généraliser les démarches favorisant une meilleure qualité de vie au travail. C’est pour cela que, dès l’automne 2017, un groupe de travail national sur ce thème a été installé, associant l’ensemble des acteurs concernés et les administrations.

Je suis convaincue que les EHPAD restent l’une des réponses aux défis de la prise en charge et de l’accompagnement du grand âge, mais elle n’est pas la seule. Nous devons ouvrir le chantier des nouvelles formes de réponse à la prise en charge de la dépendance de la personne âgée et de sa prévention.

Vous avez fait savoir que la convergence tarifaire serait maintenue malgré l’opposition presque unanime des représentants de la profession. Ne craignez-vous pas, en persistant, d’aboutir à la même impasse que la convergence tarifaire entre les hôpitaux et les cliniques, à tel point que le gouvernement y a renoncé ?

A. B. : Le nouveau modèle de tarification permet de fonder l’allocation de ressources aux établissements en fonction des besoins des résidents, et non plus en fonction de ce qui avait été donné par le passé. Cette réforme va permettre une répartition plus équitable des ressources et adapter les allocations au plus près des besoins. C’est pour cela que toute une partie des représentants de la profession défend avec nous les principes de cette réforme. J’ai nommé un médiateur pour objectiver les différences d’appréciation entre les fédérations d’établissements et les services du ministère. Et s’il faut adapter ou faire évoluer le dispositif, celui-ci le sera.

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