Dr François Bertin-Hugault : Très clairement, je ne vois pas comment on pourrait s’en passer. On a, dans nos établissements, des gens connaissant le droit pour élaborer une politique médicale, créer et développer des outils et des indicateurs de santé. Ils sont en capacité d’anticiper des épidémies et d’assurer une continuité médicale malgré la désertification. Leur expérience gériatrique est indispensable pour l’accompagnement des résidents. Leur compétence est indispensable dans la gestion des urgences, où il y a souvent des désaccords avec les médecins traitants. Selon une étude sur la pertinence des hospitalisations, il apparaît que les décisions des médecins coordonnateurs sont les plus justes.
Dr F. B.-H. : Il faudrait sans doute plus de temps médecin-coordonnateur mais le vrai sujet est l’environnement de l’établissement, selon qu’il se situe dans une zone plus ou moins désertifiée, le temps nécessaire est plus ou moins important. Il y a aussi la notion d’équipe médicale. À côté du médecin co, il faut une infirmière co et d’autres spécialités.
Dr F. B.-H. : Pour constituer une véritable équipe médicale dans les Ehpad, l’idée est de salarier des médecins traitants. En théorie, les patients ont le libre choix de leur médecin traitant mais dans la pratique, ce libre choix n’est exercé que par 5 % des patients parce que l’établissement est loin de leur résidence, qu’un petit nombre de médecins traitants « sont affectés » aux établissements et de ce fait imposés aux patients. Il serait plus clair d’avoir un binôme médecin-coordonnateur en charge de la politique médicale avec ce que cela implique de gestion médico-économique et un médecin chargé du suivi quotidien des résidents.
C’est un objectif de professionnalisation. À l’intérieur du groupe, on pousse en ce sens en formant des gériatres dont l’expertise est et sera encore plus essentielle compte tenu du vieillissement de la population.
Propos recueillis par Philippe Rollandin
Orpéa est l’un des tout premiers groupes d’établissements de prise en charge pour personnes âgées. Créé en 1989 par le neuro-psychiatre Jean-Claude Marian, il a connu une croissance interne – création d’établissements – et externe – rachat de concurrents – phénoménale. En France, il compte aujourd’hui plus de 359 établissements (Ehpad, SSR, maison de retraite, aide à domicile), d’une capacité totale de plus de 32 000 lits et places. Mais le groupe a aussi une dimension internationale. Après une phase d’implantation en Europe (Allemagne, Espagne, Suisse, etc.), il est parti à la conquête du vaste monde à commencer par la Chine où, s’il ne compte encore que 140 lits, les perspectives d’expansion sont considérables en raison de l’évolution démographique de ce pays (voir ASH n° 3043-3044). Orpéa est partie prenante de l’accord de coopération franco-chinoise sur la silver économie, conclue par Agnès Buzyn au début du mois de janvier 2018.