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L’inclusion, une affaire de mobilisation partagée

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Un colloque a mis en lumière que, par-delà les lois et les règlements, l’inclusion des personnes handicapées est une affaire de volonté des acteurs sociaux et de mobilisation autour du handicap.

Le rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur l’application de la Convention internationale des droits des personnes handicapées de 2006 encourage la France à aller plus loin dans l’inclusion. Malgré la ratification du traité, fin 2009, et le vote de deux lois internes sur les droits des personnes handicapées, en 2002 et 2005, Philippe Jourdy dresse un constat inquiétant sur l’inclusion de ces citoyens dans notre société : « Nous avons pris beaucoup de retard. C’est notre responsabilité, en tant que professionnels, de nous l’approprier pleinement », alerte le président de la commission « adultes handicapés » de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs (FEHAP).

L’inclusion était justement l’objet d’un colloque organisé mercredi 24 janvier à Paris par la FEHAP à l’occasion de sa « journée nationale handicap ». La matinée était consacrée spécifiquement à la question de savoir « comment permettre aux personnes handicapées de vivre pleinement au cœur de la cité », a rappelé Claude Meunier, président de commission à la FEHAP et animateur des débats.

Le projet de Camille

Camille Besson est atteinte du syndrome de Down. Un handicap qui ne l’a pas empêchée de réaliser son projet professionnel : travailler dans la petite enfance. Grâce à la mutualisation des forces dans son département, l’Isère, Camille a concrétisé son projet et a démontré que c’était possible. Benoît Quinon est l’un des artisans de ce bel exemple de réussite d’inclusion d’une personne handicapée dans le milieu « normal » de l’entreprise : « C’est Camille qui nous a amenés à faire. C’est elle et uniquement elle qui est à l’origine de son projet, elle a toujours voulu travailler dans la petite enfance », raconte le responsable d’agence à l’Agefos PME (association pour la gestion de la formation des salariés des petites et moyennes entreprises) de l’Isère.

Pour permettre à Camille de réaliser son projet, plusieurs dispositifs et structures existant déjà ont été utilisés. Tout est parti du conseiller Pôle emploi, qui l’a dirigée vers l’Agefos, dont le rôle est de développer la compétitivité des entreprises par le développement des compétences. L’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) a été mobilisée. « Dans les cours qu’elle suit, Camille est avec d’autres personnes sans handicap,indique Benoît Quinon. L’Agefiph a permis de financer un accompagnement personnalisé qui lui a permis d’avoir de bons résultats. Je rappelle que le référentiel du diplôme que Camille passe, CAP petite enfance, n’est pas adapté à son handicap. » « Je travaille beaucoup », confirme immédiatement Camille, un sourire en coin.

L’objectif de Benoît

Benoît Quinon poursuit : « Nous avons trois objectifs principaux. D’abord que Camille puisse concrétiser sa volonté. Ensuite, on profite de cette expérience pour faire passer des messages aux parents des enfants qu’elle garde. On leur démontre que même une personne handicapée peut travailler. On dit aussi aux employeurs qu’il ne faut pas avoir peur de recruter des personnes qui vous paraissent différentes. Il y a des compétences chez chaque personne. Notre troisième objectif, c’est de démultiplier notre expérience, de montrer que c’est possible. Le premier frein, c’est de se dire que ce n’est pas possible. » Camille est aujourd’hui à mi-chemin de son contrat de professionnalisation.

Même si les professionnels sont bien formés, Alicia Jovin, chargée de mission « pairémulation et empowerment » à la Croix-Rouge française, estime qu’il est nécessaire de les « impliquer davantage dans une posture d’accompagnement, par la capacité d’adaptation et d’ouverture à des parcours différents ». L’enjeu est que les accompagnants puissent distinguer le soin, le conseil et le soutien aux personnes accompagnées et qu’elles puissent savoir enrichir leurs compétences grâce à leur expérience de terrain. « Quand je parle de la formation des professionnels, je parle surtout des personnes qui gèrent et qui ne sont pas forcément auprès des personnes, indique Alicia Jovin, qui parle de sa propre expérience. Je suis passée du foyer familial au logement indépendant. Expliquer aux personnes aidantes que je suis très autonome, que j’ai une vie professionnelle me prend du temps. » Parmi d’autres anecdotes, Alicia Jovin raconte que les professionnels ne comprennent pas toujours qu’elle ne puisse pas leur dire à quelle heure elle veut se lever le matin : « Ça dépend des jours, ça dépend de mes rendez-vous ! », lance-t-elle.

La mission « pairémulation » qu’elle dirige à la Croix-Rouge veut pallier ces difficultés. L’objectif est de créer une boîte à outils, de développer un réseau de connaissances et de profils d’experts pour permettre de changer les pratiques en y associant les personnes accompagnées. « Toute perspective d’amélioration ne peut se faire sans la participation des personnes accompagnées, rappelle Alicia Jovin. La valorisation du savoir par l’expérience doit être intégrée dans les structures de manière concrète et systématique. » Un outil en plus pour permettre aux professionnels de concrétiser l’inclusion des personnes handicapées, l’un des grands principes de la Convention de l’ONU.

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