Le sparadrap du capitaine Haddock : c’est cette image du malheureux ami de Tintin n’arrivant pas à se débarrasser d’un bout de pansement qui vient à l’esprit lorsqu’on regarde le gouvernement confronté à la question des migrants et du droit d’asile. D’un côté, il affiche une certaine fermeté avec cette circulaire sur le contrôle dans les centres d’hébergement, controversée au point que le défenseur des droits, le placide Jacques Toubon (voir ci-dessous), est vent debout. Mais en même temps – comme dirait Emmanuel Macron –, il s’agite beaucoup pour montrer la dimension humaine de sa politique. Gérard Collomb entend réduire à trois jours le délai d’instruction des dossiers de demande d’asile. Et un délégué interministériel sera prochainement nommé pour assurer « une intégration durable » des réfugiés, comme il y a un développement durable et… un recyclage durable. La politique migratoire à la sauce écolo, on aura tout vu.
Le credo macronien de l’efficacité en politique se heurte aux enjeux politiques et idéologiques non résolus depuis la fameuse sentence de Michel Rocard : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part. » Tout le monde est d’accord avec ce principe, mais dès qu’il s’agit de placer le curseur quelque part entre la générosité et la fermeté, c’est le branle-bas de combat et la guerre civile, ce qui conduit le gouvernement à cette politique erratique et à ne pas pouvoir se débarrasser de ce mauvais pansement qui lui colle à la peau.