Partir des territoires pour élaborer une stratégie nationale, plutôt que s’enfermer entre technocrates, c’est la philosophie de la concertation relative à la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté des enfants, présentée par la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, début décembre(1). Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, attend deux choses de cette concertation : « J’attends d’abord un retour d’expérience des acteurs pour parvenir à des propositions robustes. Le but, ce n’est pas de faire de l’innovation pour de l’innovation », indique-t-il. L’innovation, les acteurs de terrain la font tous les jours pour lutter efficacement contre la pauvreté : « Nous voulons également pouvoir mobiliser les acteurs sur la mise en place de la stratégie. La concertation va déboucher sur la prochaine stratégie. L’idée, c’est d’avoir des relais au niveau local qui s’en emparent avec des objectifs communs de résultat. »
Le 15 janvier dernier, l’exécutif a ainsi participé à la première rencontre territoriale de concertation sur la stratégie, autour de la petite enfance, dans les Yvelines. Olivier Noblecourt y a noté « une très forte cohérence entre [la vision du gouvernement] et les attentes des acteurs ». Les professionnels ont alerté la délégation du ministère sur leur souhait « d’absence d’uniformité » : « Ils veulent que la stratégie fixe des objectifs mais leur laisse une grande marge de manœuvre. Ils ont aussi souhaité que l’action publique soit moins normative. À nous de faire en sorte que les objectifs deviennent un bien commun. »
Pour la concertation, le gouvernement s’attelle à deux niveaux : d’abord, il y a celui du cadre stratégique, composé de groupes de travail. Des groupes de travail « restreints », précise Olivier Noblecourt, « composés essentiellement d’acteurs et de praticiens de terrain ». Le deuxième niveau est celui des concertations territoriales, comme celle qui a eu lieu lundi dernier : « On veut voir ce qui marche sur le terrain. En trois temps : l’échange, l’écoute et le what works : des outils créés par les associations et qui ont fait leurs preuves », précise Olivier Noblecourt. La concertation devrait se terminer en mars prochain.
(1) V. ASH 3037, p. 5.