Le 24 février 1982, la France se réveille sous le choc. Radios et journaux titrent sur la naissance du « premier bébé-éprouvette », le deuxième au monde après Louise, née en Angleterre 1 an plus tôt. Amandine n’est évidemment pas née dans une éprouvette. Elle a bien été portée par sa mère qui a accouché tout à fait normalement. Mais elle a été conçue « artificiellement », in vitro. Cette prouesse est due au Pr Frydman de l’hôpital Antoine Béclère de Clamart, lequel remettra plus tard en cause sa propre innovation en raison des questions éthiques qu’elle pose.
L’éthique, c’est bien ce qui secoue le pays en ce jour du 24 février 1982. Cette fécondation artificielle est un progrès pour les uns, une horreur pour les autres. C’est, à tout le moins, un bouleversement qui ouvre un champ de questionnement immense. La voie est-elle ouverte à l’eugénisme ? À l’enfant sur mesure ? À la disparition des principes fondamentaux de la filiation ? L’avenir est-il à la sélection des embryons ? Etc.
C’est du lourd comme on ne disait pas encore. Il n’existe pas, en France – ailleurs dans le monde non plus – de lieux pour discuter de ces questions et encadrer les évolutions ou plutôt les révolutions à venir de la médecine et de la biologie. Pour combler ce vide, François Mitterrand décide de créer le Comité national consultatif d’éthique pour les sciences et la vie (CCNE). Installé le 23 février 1983, soit 1 an presque jour pour jour après la naissance d’Amandine, le CCNE, présidé par un médecin de haut niveau et composé de toutes les sensibilités sociales, culturelles, cultuelles, économiques et politiques, son rôle est de conseiller le gouvernement sur l’encadrement de l’utilisation des nouvelles technologies biomédicales. C’est de là que viennent les lois de bioéthiques. La première date de 1994, il faudra attendre 2004 pour qu’elle soit révisée, puis 2011 et enfin 2013. Les États généraux ouverts le 18 janvier devraient déboucher sur une nouvelle révision.