« Il a démissionné du gouvernement le 30 août 2016 à 12 h. Il m’a envoyé un SMS à 15 h pour me demander de travailler avec lui ».
« Il », c’est Emmanuel Macron et on sent une pointe de fierté dans la voie de Monique Iborra à expliquer qu’elle a été une des premières élues à être sollicitée par celui qui n’était alors même pas encore candidat à la Présidence.
Elle ne fait pas partie des macroniens historiques comme, par exemple, Gérard Collomb, Christophe Castaner ou les jeunes loups qui sont aujourd’hui au gouvernement ou à l’Élysée. Mais sa minute de gloire – façon Andy Warhol – du 30 août 2016 lui vaut d’appartenir à la première armée, celle qui s’est mise « En marche » dès le début de l’aventure.
Pourquoi ce choix précoce de la part d’une élue qui en était à son deuxième mandat sous les couleurs du Parti socialiste ? Elle ne prononce pas le mot mais on comprend qu’elle a été conquise par le charisme du futur président. « Je n’ai pas répondu tout de suite à son SMS. Je l’ai vu à Lyon où il a parlé de l’Europe et c’est là que j’ai décidé de le suivre. J’ai senti qu’il pouvait représenter une vraie rupture. En plus, je l’avais connu quand il était ministre et il avait une vraie capacité à travailler avec les députés sur les textes. » Le mérite est d’autant plus grand que la loi sur laquelle la députée a travaillé avec le jeune ministre n’était rien moins que la loi El Khomri qui a achevé de diviser le Parti socialiste.
Pour la députée de la sixième circonscription de Haute-Garonne, s’ajoute à l’attrait « d’Emmanuel », précisément la lassitude des divisions du PS. Elle avoue avoir mal vécu le quinquennat de François Hollande, marqué par l’opposition interne des frondeurs, hostiles à la politique social-libérale du Président que, pour sa part, elle soutenait.
Au fond, Monique Iborra est une sorte de Clausewitz pour lequel « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Dans son cas, on peut dire que le macronisme est la poursuite du social par d’autres moyens.
Elle ne considère pas la politique comme une fin en soi mais comme un moyen de faire progresser le droit social et plus précisément l’égalité des chances. Mais encore faut-il s’entendre sur ce concept. « L’objectif n’est pas que tout le monde soit sur un pied d’égalité mais que la société soit là pour accompagner les personnes les plus fragiles. »
Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a du travail à faire pour atteindre cet objectif.
Ce n’est pas un hasard si, à l’Assemblée nationale, Monique Iborra siège à la Commission des affaires sociales dont elle est vice-présidente. Contrairement à de nombreux députés macronistes, elle n’est pas une « bleue » en politique. Outre ses deux précédents mandats, elle a aussi été une élue au Conseil régional où elle avait la délégation de l’emploi et de l’apprentissage.
C’est cette expérience qui l’a amené à piloter, dès le début de la mandature en juillet dernier « la mission flash » sur les Ehpad, mise en place à la suite de révélations dans les médias de la situation inquiétante des établissements. « La mission flash est un nouveau type de mission qui permet aux élus de faire un diagnostic rapide sur une situation donnée. » explique-t-elle.
Monique Iborra avait-elle vraiment besoin de cette mission pour connaître l’état critique des Ehpad ? Certainement pas. Le véritable enjeu de cette mission – et à ce niveau-là, la politique est un art – était de mettre cette réalité sur la place publique et placer tout le monde devant ses responsabilités. Y compris le Président ?
Cette mission a surtout installé la députée, au sein de la majorité, comme la spécialiste des questions sociales.
Elle entend mettre à profit ce « statut » d’experte pour faire avancer les causes qui lui tiennent à cœur.
Pour commencer, elle a lancé la seconde partie de la mission Ehpad en décembre 2017. Cette fois-ci, pas de flash, pas de doctes auditions à Paris mais des visites de terrain dans des établissements. À son programme, 18 déplacements en France et plusieurs voyages en Europe, notamment, pour voir comment nos voisins abordent la question de la prise en charge des personnes âgées.
À l’issue de ce périple, elle espère être en situation de pouvoir déposer des propositions de lois tendant à réformer l’organisation des Ehpad et surtout mettre en place une sorte de parcours des personnes âgées qui permettrait d’éviter le caractère brutal du placement au profit d’un accompagnement en douceur du domicile à l’établissement.
L’accompagnement, toujours l’accompagnement. Le credo de Monique Iborra.