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Les vérités dérangeantes

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S’il existait un prix Nobel de l’économie de santé, Jean de Kervasdoué l’aurait déjà reçu et peut-être même plusieurs fois, tant sa suprématie dans ce domaine est incontestée. Auteur d’une bonne trentaine de livres sur le sujet, professeur émérite, titulaire de la chaire d’économie et de gestion des services de santé au Conservatoire national des arts et métiers, il est un expert de la gestion et des systèmes de santé français et internationaux, notamment américain mais pas seulement. Il est aussi un acteur du système, à l’intérieur duquel il a occupé, dans les années 1980, le poste majeur de directeur des hôpitaux. À ce titre, il avait sous sa tutelle l’ensemble des établissements hospitaliers. Pendant cinq ans, il s’est efforcé de réformer ce mastodonte aux 800 000 agents, en modernisant l’organisation, les règles budgétaires et en introduisant un système de gestion permettant de connaître les coûts de production des soins et ainsi de pouvoir faire des comparaisons. Au cours des quatre ou cinq dernières décennies, ce fut une des rares tentatives de faire évoluer le système. Ces efforts ont été entravés par des politiques, soucieux de ne pas effaroucher un milieu qui a la grève facile…

Pas facile de résumer les complexes et passionnantes théories de « J de K » mais on peut dire que son idée est que les coûts de santé sont trop élevés parce que le système de santé est mal organisé, qu’il n’est pas pensé en fonction des besoins sanitaires de la population mais en fonction des intérêts des professionnels de santé, que le débat public ne pose pas les bonnes questions, que les politiques n’osent pas affronter l’opinion dominante. Tous les experts savent qu’il y a trop de petits hôpitaux, que dans beaucoup de services de chirurgie, il n’y a pas… de chirurgiens, etc. et pourtant, il y a – proportionnellement à la population – deux fois plus d’hôpitaux en France qu’en Allemagne.

Dans son dernier livre, il se projette dans l’avenir en posant la bonne question « Qui paiera pour nous soigner ? » Compte tenu des enjeux financiers, la solidarité – qui semble une évidence – n’en est pas une. « La Sécu paiera », entend-on. Mais « la Sécu, c’est Ki ? »

Ce livre fourmille de chiffres incontestables, de références puisées aux meilleures sources et d’analyses qui amènent au constat que l’on fonce droit dans le mur en klaxonnant.

Pour comprendre cette asphyxie solidaire qui nous menace, il faut lire ces lignes : « Les dépenses de protection sociale représentent 34,4 % du PIB, soit 746,6 milliards d’euros dont environ 46 milliards pour les seuls frais de gestion, ce qui constitue un record mondial : 5,6 % de plus que la moyenne européenne, soit 122 milliards d’euros. Ces dépenses continuent de croître à un taux supérieur à celui de l’économie. » Conclusion : un jour ou l’autre, il n’y aura plus de sources de financement. La solution, selon l’auteur, est de faire de profondes réformes sur la base d’un principe simple : optimiser la dépense. Qu’en santé ou en social, chaque euro soit dépensé de manière pertinente. La balle est dans le camp des politiques, des citoyens et in fine dans celui des professionnels…

Qui paiera pour nous soigner ? l’asphyxie solidaire

Jean de Kervasdoué – Fayard – 18 €

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