Services sociaux en introspection

A la radio, ce jour de juillet 2015, une information fait frémir : le corps d’un bébé, mort depuis plusieurs semaines, vient d’être découvert. La mère avoue avoir été témoin du crime, commis par son compagnon violent et alcoolique. Les enseignants avaient fait des signalements sur la famille à plusieurs reprises… « Mais que font les services sociaux ? », s’interroge le journaliste. Une question que, bien au-delà de ce drame, tout le monde a entendue un jour. Et qui a décidé cinq collègues (quatre assistantes sociales et une infirmière) à écrire ce livre. Elles y relatent leur métier au quotidien, leurs difficultés, leurs doutes, leurs « lassitudes parfois face à l’inertie d’un système », mais aussi leurs fous-rires et leur solidarité. Violences conjugales, expulsions, enfance maltraitée, SDF, minima sociaux… Les demandes d’aide qu’elles ont à traiter sont nombreuses et les réponses à donner, urgentes. Paradoxe : de l’intérieur, les professionnelles ont le sentiment de ne jamais avoir le temps de tout faire mais, à l’extérieur, certains usagers se demandent ce qu’elles font. « Elles sont dans leurs bureaux et, pourtant, on n’arrive pas à les joindre, elles refusent de nous recevoir, soi-disant parce qu’elles sont occupées », rapporte Sihème. Au fil des pages et des histoires, les auteures rappellent surtout que le travail social n’est pas une science exacte et qu’il n’y a pas de certitudes. Ainsi, Marion termine toujours sa journée avec plein de questions dans la tête : « Ai-je dit les bons mots ? Est-ce que ma parole a été entendue et dans le bon sens ? Etait-ce le bon moment pour dire ? Ne suis-je pas allée trop loin ou trop vite ? » De quoi faire taire quelques critiques…