Des cartes pour lutter contre les préjugés

La troisième édition de l’Atlas des migrants en Europe du réseau Migreurop n’entend pas rendre compte de la mécanique des flux, ni même favoriser la compréhension des migrations. L’ambition est ailleurs : « Comme celle des dictionnaires, la consultation des atlas est propice à l’ouverture des esprits à de nouveaux horizons. » Les auteurs de l’atlas se sont donc attachés à déconstruire les a priori, à changer les regards, à interroger les frontières, à cartographier le contrôle sécuritaire et l’enfermement. Ils ont surtout voulu donner la parole à ces personnes que l’on appelle « migrants ». C’est pourquoi l’ouvrage se situe délibérément à hauteur de femmes et d’hommes, pour sortir des logiques syntaxiques, statistiques et politiques. Des cartes, des textes et des chiffres, des photos et des illustrations mettant en images les expériences d’Ahmed, de Morteza, de Johnny et d’autres encore sont ici réunis pour éclairer un sujet qui réclame de la pédagogie. La subjectivité est assumée. Une carte ne traduit-elle pas toujours « surtout l’intention du cartographe » ?

L’ouvrage est composé de cinq parties. La première interroge la notion de « migration » et tend à déconstruire certaines « vérités alternatives ». Elle nous rappelle que l’Europe a jadis été une terre d’émigration et qu’elle n’est pas devenue une terre d’immigration privilégiée : « Aucun démographe, géographe, sociologue ni politiste, quelles que soient ses préférences politiques, n’affirmera que l’Europe est actuellement “submergée” par des “flots” de nouveaux entrants. » Une deuxième partie expose les pratiques de confinement et d’enfermement des migrants, que ce soit aux frontières de l’Europe, en plein Paris ou à Calais (voir cartes ci-contre). La sous-traitance du contrôle migratoire et la surveillance militaro-policière des routes migratoires sont également illustrées. Enfin, en opposition à ces pratiques, l’ouvrage rend compte des luttes en faveur des migrants, notamment à travers la mobilisation de certains citoyens, et témoigne de l’importance de ces soutiens pour ceux qui fuient leur pays.