Ce n’est pas un cri d’alarme mais une certitude : la société doit changer de regard sur les addictions si elle veut espérer mieux les prévenir et les soigner. C’est, en tout cas, le message que tentent de faire passer l’addictologue William Lowenstein et le psychiatre Laurent Karila. « L’addiction est une véritable maladie, qui n’est pas reconnue comme telle, souligne ce dernier. Les personnes dépendantes sont des patients comme les autres, pas forcément des loosers qui manquent de volonté ou des délinquants. Or personne ne stigmatise les patients qui ont un diabète chronique ou une pathologie cardiovasculaire. »
La question est d’autant plus importante que le spectre des addictions à des produits ou à des comportements ne cesse de s’étendre. Aux dépendances classiques (cannabis, cocaïne, alcool, tabac, tranquillisants…) s’en ajoutent de nouvelles : binge drinking (ou « beuverie effrénée » ), substances dopantes sur Internet, jeux vidéo, réseaux sociaux… A chaque problème de performance ou de souffrance, une « solution » chimique ou comportementale existe qui, dans un premier temps, apaise puis finit par aliéner, pointent les auteurs. « Quand on commence à consommer une substance, c’est pour le bien-être qu’elle procure au départ, explique Laurent Karila. Sauf qu’après, la personne ne va pas cesser de courir après ces premières sensations agréables, au risque de devenir dépendante. » Pour autant, tout le monde ne devient pas « accro » dès sa première cigarette ou son premier verre, il y a des facteurs de risques personnels et environnementaux. De même, toutes les addictions ne sont pas diabolisées : la dépendance au travail, par exemple, est la moins connotée alors qu’elle engendre une véritable souffrance. Alors, tous addicts ? Peut-être…
Tous addicts, et après ? Changer de regard sur les dépendances
William Lowenstein et Laurent Karila – Ed. Flammarion – 17 €