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Quid des mesures du plan « autisme » sur le travail social ?

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Danièle Langloys est en colère : « Les acquis du plan 3 sont, pour certains, menacés et des mesures emblématiques sur lesquelles familles, professionnels, cabinet ministériel et administrations avaient travaillé […] ont été abandonnées sans explication », a regretté la présidente d’Autisme France dans son discours d’ouverture du congrès annuel de l’association, le 9 décembre. Le comité de suivi du troisième plan « autisme » (2013-2017), qui associait les pouvoirs publics et les acteurs concernés, n’a plus été convoqué depuis février ; et « ma demande d’en réunir un n’a pas été suivie d’effet », déplore la responsable associative.

Une source ministérielle, contactée par les ASH, confirme que la priorité a été donnée à la préparation du quatrième plan, qui devrait être présenté fin février. Les cinq groupes de travail, qui ont remis leurs propositions en décembre, ont réfléchi à des mesures nouvelles, mais ont aussi examiné l’ensemble des mesures du plan 3 pour savoir lesquelles il faudrait poursuivre ou aménager, poursuit cette source. Le comité de pilotage doit maintenant se saisir de ces propositions, vérifier leur faisabilité, les prioriser, les articuler entre elles et les soumettre à l’arbitrage des ministres concernés. Il est donc impossible, à ce stade, de prédire le résultat final.

Danièle Langloys bataille en particulier pour la reconduction de la mesure 38, annexée au plan en 2016, qui vise à « mieux prendre en compte les spécificités de l’autisme dans les procédures de protection de l’enfance » et à « renforcer les connaissances et l’appui aux professionnels » en la matière. Avant l’élection présidentielle, deux réunions avaient été organisées : l’une avec des représentants de la magistrature, l’autre avec des professionnels des conseils départementaux. Ils devaient travailler ensemble ultérieurement, mais « tout a été abandonné ». Ces questions ont été abordées dans deux groupes de travail du futur plan, sans convaincre Danièle Langloys : « Je ne sais pas ce que cela donnera dans le plan 4, mais cela me paraît assez mal embarqué. »

Certification en panne

Dans son discours, elle a aussi pointé le faible avancement de la mesure 31 du plan, qui vise à « faire évoluer les contenus de formation des travailleurs sociaux ». Elle est revenue sur l’audit, lancé en 2015, des formations sur l’autisme délivrées par les établissements préparant à quatre diplômes du travail social. Sur 228 établissements concernés, 96 avaient rendu une réponse exploitable et 32 seulement disaient dispenser des formations en conformité avec l’état des connaissances et en accord avec les recommandations de bonnes pratiques. « Savoir que seuls 14 % [des établissements sondés] diffusent des connaissances actualisées en autisme aurait mérité une suite », a lancé Danièle Langloys lors du congrès. Dans une instruction publiée en avril 2017, la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) expliquait que la démarche d’évaluation se poursuivrait. Danièle Langloys estime que ce chantier n’a pas vraiment avancé depuis. La source ministérielle interrogée par les ASH signale cependant que les ministères concernés ont reçu cet été un nombre significatif de maquettes de formation revues par les organismes à la suite de l’audit.

Danièle Langloys pointe également le projet d’une certification en formation continue pour les travailleurs sociaux sur l’autisme, « abandonnée après 18 mois de travail collectif ». Sa mise en œuvre était prévue pour fin 2016, mais le chantier est resté bloqué « faute d’acteurs pour engager cette certification », a-t-elle rapporté aux ASH. Elle juge de son côté que « la DGCS pourrait le faire, ou missionner un organisme de certification… Quand on n’a pas l’outil, on le construit ! »

De façon plus générale, la présidente d’Autisme France regrette que la psychanalyse imprègne largement les formations en travail social, alors que les interventions fondées sur cette approche sont déclarées « non consensuelles » par les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) et de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) en ce qui concerne les enfants. « On forme des bataillons de professionnels qui ont une vision déformée de l’autisme, avec toujours l’idée que ces troubles seraient liés à un rapport défectueux entre l’enfant et la mère », enrage Danièle Langloys. Dans certains groupes de travail du futur plan, « des psychanalystes ont été invités, on leur donne une tribune. C’est une faute politique majeure qui a été faite », accuse-t-elle, soulignant que « le plan 3 avait au moins le mérite d’avoir pour fil rouge le respect des recommandations de bonnes pratiques ».

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