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Politique migratoire : 470 associations préparent des « états généraux »

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Tandis que le gouvernement prépare son projet de loi sur l’immigration, un large mouvement, réunissant plus de 470 associations et collectifs nationaux et locaux, a décidé de se faire entendre ; et, pour ce faire, d’organiser des « états généraux des migrations ». « Nous voulons occuper l’espace médiatique pour contrer les messages et la confusion permanente que le gouvernement diffuse à propos des migrants, a insisté Nathalie Péré-Marzano, déléguée générale d’Emmaüs international, au cours d’une conférence de presse, le 21 novembre. Il est important de faire aussi entendre la voix des acteurs locaux pour témoigner du quotidien des migrants et de la manière dont s’organise la solidarité. »

Ce mouvement a commencé en juin, lorsque ces 470 organisations et collectifs ont signé une tribune appelant le gouvernement à organiser une conférence nationale sur la politique migratoire. « Pour seule réponse, les pouvoirs publics ont développé un discours alliant « humanité et fermeté » et, sur le terrain, des politiques qui ne répondent pas, voire aggravent la situation des étrangers », rappelle le dossier de presse des « états généraux », faisant référence au « plan “migrants” » présenté le 12 juillet par l’Elysée. Le 24 juillet, ils signaient une seconde tribune annonçant, cette fois, une « conférence nationale citoyenne sur la politique migratoire de la France ».

Finalement, ce seront des « états généraux ». Des concertations locales, permettant d’impliquer les petites structures de terrain, alimenteront un projet de politique migratoire alternatif dont le contenu sera présenté au printemps prochain. Entre-temps, des actions de sensibilisation seront organisées un peu partout, notamment à l’occasion de la Journée internationale des migrants, le 18 décembre. Le collectif qui s’est créé autour de ces « états généraux » entend également mobiliser contre le projet de loi sur l’immigration, qu’il juge très inquiétant. Ce projet, pour lequel la concertation se résume à « une écoute polie qui n’aura aucun impact sur le texte », s’inscrit dans « la continuité de la politique menée depuis six mois », estime Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade. Des personnes investies localement en témoignent. A Paris, raconte Bénédicte Chauvet, du collectif P’tit Déj’ à Flandre, « le mode d’inclusion dans le dispositif de mise à l’abri est devenu très aléatoire : la “bulle” (centre d’accueil de la porte de la Chapelle) ne donne plus de rendez-vous et les maraudes ne sont pas régulières ». Selon le collectif, le nombre de personnes non prises en charge augmente. « C’est visible malgré le fait que, justement, l’on cherche à les “invisibiliser” », dénonce la militante, qui évoque le harcèlement subi par ceux qui vivent dans la rue, en particulier la nuit.

« Chasse à l’homme »

De leur côté, Michel Rousseau et Pierre-Alain Mannoni, qui représentent respectivement le mouvement Tous migrants !, dans le Briançonnais, et le collectif Solidarité migrants des Alpes-Maritimes, témoignent de l’intensification des dispositifs de contrôle aux frontières, évoquant une « chasse à l’homme » qui met en danger les migrants. Dans les Alpes-Maritimes, constate Pierre-Alain Mannoni, l’intensification des contrôles se traduit par le développement du marché des passeurs et par la diminution du nombre de migrants qui parviennent jusqu’aux réseaux de solidarité locaux. Lesquels, parallèlement, sont soumis à une pression de plus en plus forte de la part des pouvoirs publics, comme en témoignent Pierre-Alain Mannoni et son collègue Cédric Herrou, agriculteur dans la vallée de la Roya, tous deux condamnés en justice dans le cadre de leur activité de soutien aux migrants.

« Ces constats de terrain sont éloquents, affirme Jean-Claude Mas. Au bout de six mois, la politique menée par ce nouveau gouvernement se caractérise par deux marqueurs : la volonté d’éloigner les migrants du territoire et le mépris à la fois des droits fondamentaux et des décisions de justice, en particulier dans le cadre de la rétention administrative. » Selon les créateurs des « états généraux », le gouvernement a abandonné la logique de mise à l’abri inconditionnelle, « en logeant la politique de migration dans les seules mains du ministère de l’Intérieur », dénoncent-ils.

Côté terrain

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