Assis, pas handicapé

Atteint de spina bifida, une malformation congénitale de la moelle épinière, Charles Dreux a passé toute sa jeunesse et une partie de sa vie d’adulte en institution, en IME (institut médico-éducatif) puis en ESAT (établissement et service d’aide par le travail). « Malgré de bons souvenirs, écrit-il, certaines choses ne me convenaient pas du tout. » Convaincu « qu’il faudrait les changer », Charles Dreux a décidé de prendre la plume pour témoigner de son expérience. Un parcours classique et pourtant pas banal, puisqu’il devrait décrocher l’an prochain son diplôme de moniteur-éducateur. Son leitmotiv ? « Soyez des battants ! Vous avez le droit de vivre comme tout le monde. Vous n’êtes pas des boulets. Osez dire non lorsque vous n’êtes pas d’accord ! » Lui-même ne s’en est pas privé, quittant l’ESAT où il s’ennuyait, décrochant des emplois en milieu ordinaire, se battant plusieurs années durant pour récupérer des droits de visite puis la garde de sa fille issue d’une première union, élevant depuis son fauteuil les enfants de sa seconde épouse. Les professionnels, autour de lui, n’y ont pas toujours cru. Pensant la sécurité et la routine du milieu spécialisé préférables à la confrontation avec le milieu ordinaire, décourageant les velléités d’émancipation, les désirs de famille et de vie « normale ». « Prouvez à ceux qui n’ont pas confiance en vous qu’ils ont tort, martèle Charles Dreux. De ces doutes, faites-en une force. » Après tout, comme dirait sa femme : « Je ne suis pas handicapé, mais juste assis. »