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L’Uniopss, « une vieille dame digne »

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Le 15 avril 1947 avait lieu la réunion constitutive de l’Uniopss, et ses statuts étaient déposés le 30 juillet suivant. Aujourd’hui, l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux compte une centaine d’organisations membres et fait figure d’institution : « C’est un peu l’ONU des associations et fédérations », dépeint Jean-Philippe Vinquant, le directeur général de la cohésion sociale (DGCS), dans l’une des vidéos présentées le jeudi 9 novembre pour le 70e anniversaire de l’organisation. Patrick Gohet, adjoint au défenseur des droits chargé de la lutte contre les discriminations, voit dans cette union « le seul endroit où peuvent se retrouver » tous les acteurs associatifs « concernés par la pauvreté, l’avancée en âge et le handicap ». Ces échanges font « émerger la colonne vertébrale » du discours des acteurs associatifs et aident à tracer « les lignes rouges à ne pas franchir » dans les politiques publiques, selon Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. « C’est une vieille dame digne » et « son regard sur la société est toujours aussi important », a assuré dans un discours Patrick Doutreligne, l’actuel président de l’Uniopss.

Hugues Feltesse, qui l’a dirigée de 1984 à 2004, a récapitulé son histoire. Les fondateurs présentaient des profils assez divers, avec par exemple le Secours catholique, la Fédération protestante de France, l’Union des associations cultuelles israélites de France et d’Algérie (devenu Consistoire de France), l’Armée du salut, l’Association des paralysés de France (APF)… L’union, voulue sans caractère confessionnel ni politique, « aurait pu n’être qu’un groupement d’intérêts plus ou moins corporatistes ». Elle a au contraire cherché à devenir « le plus grand dénominateur commun des acteurs associatifs », autour de principes comme la « solidarité fraternelle », la lutte « contre tout ce qui menace de transformer l’homme en objet », relate Hugues Feltesse.

Doctrine évolutive

Il a relevé un paradoxe : l’Uniopss, qui défend ardemment la sécurité sociale, s’était pourtant créée en réaction à sa naissance (par une ordonnance de 1945). Certaines associations et fondations craignaient alors une mainmise de la puissance publique sur le champ sanitaire et social… Des inquiétudes levées depuis. La doctrine de l’Uniopss a connu d’autres grandes évolutions. Après Mai-68 s’est affirmée l’idée de « faire mouvement » avec les personnes aidées, plutôt qu’agir pour elles. Dans les années 1970 a émergé (déjà !) la préoccupation de faire « tomber les cloisons » de l’action sociale et de proposer « un continuum de réponses » aux personnes. L’autre grand tournant a eu lieu à la fin des années 1980, avec la montée du chômage et des diverses formes de précarité : l’Uniopss a mis davantage l’accent sur les droits fondamentaux – égal accès à une éducation, à des soins médicaux, à un habitat digne… – et la lutte contre les discriminations, a poursuivi l’ancien directeur.

Pour l’avenir, Patrick Doutreligne a évoqué plusieurs enjeux, à commencer par « faire en sorte que les personnes accompagnées participent à la gouvernance de notre secteur ». Si certaines associations « sont organisées comme cela depuis l’origine, d’autres ont des efforts à faire », a-t-il précisé. Il entend aussi « résister à la marchandisation du social », faisant écho à Hugues Feltesse qui a fustigé la montée d’une conception de la solidarité « distribuée par des prestataires de services, des opérateurs banalisés » sur le modèle de « l’entreprise commerciale ».

Dans l’immédiat, l’union compte peser dans la concertation sur « la politique de développement de la vie associative » que vient d’ouvrir le Premier ministre, Edouard Philippe… le même jour et à la même heure que les 70 ans de l’Uniopss. Patrick Doutreligne a critiqué de nouveau les premières mesures prises par le nouvel exécutif, rappelant que « l’été a été un peu pourri » par des annonces comme la baisse des aides personnalisées au logement (APL) et la réduction du financement des contrats aidés. « Je pense que le gouvernement a pris [la mesure] de la déception » que cela a généré, a-t-il estimé. Tout en avertissant : « Si dans six mois, on voit que ce n’était pas une concertation, mais juste une consultation […], le moment de la résistance sonnera. »

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