Dans une note rendue publique le 7 novembre, le Conseil d’analyse économique (CAE) formule une série de recommandations afin d’améliorer les politiques publiques en faveur du logement des étudiants(1). L’enjeu est de taille puisque « pour les étudiants de familles aux revenus modestes, les difficultés d’accès au logement indépendant peuvent conduire à des choix de filières principalement en fonction de la proximité du domicile familial ». En cause, notamment, l’insuffisance de l’offre de logements étudiants à caractère social : seuls 230 000 étudiants bénéficient d’un logement à loyer modéré tandis qu’ils sont plus de un million à habiter dans le parc locatif privé. Si le CAE constate que des efforts ont été entrepris depuis une décennie pour accélérer la production de logements étudiants dédiés, les résultats « ont été globalement en dessous des objectifs, ces derniers étant eux-mêmes insuffisants au regard des besoins croissants ».
Le régime des aides au logement se situe au cœur des critiques du Conseil d’analyse économique. L’étude rappelle que les aides sont versées « en fonction des seules ressources propres des étudiants, sans tenir compte des revenus de leurs parents », à l’exception, depuis le 1er octobre 2016, des étudiants dont les parents sont assujettis à l’impôt de solidarité sur la fortune. Ainsi, sur 1,4 million d’étudiants locataires, la Caisse nationale des allocations familiales dénombrait, fin 2015, 880 000 étudiants bénéficiaires d’une aide au logement, soit un coût de 1,5 milliard d’euros par an pour l’Etat.
Selon le CAE, le fait que le bénéfice d’une aide au logement pour les étudiants « soit plus souvent la règle que l’exception » expose encore plus au risque de « captation de l’aide par les propriétaires bailleurs ». Pour lutter contre ce phénomène, il recommande une remise à plat du dispositif « sans pénaliser outre mesure les étudiants et leurs familles ». Il estime qu’une réforme d’envergure des aides au logement consistant à « réduire nettement leur périmètre » entraînerait un abaissement inévitable de la demande de logement et, de ce fait, à une baisse des prix. « Cette baisse des loyers devrait être d’autant plus forte qu’une fraction importante des locataires serait affectée par la réforme », poursuit le CAE. Par ailleurs, les économies réalisées par l’Etat pourraient être réaffectées au développement de l’offre de logements étudiants à caractère social.
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