Un budget qui reste « grevé par le poids de l’immobilier et l’accroissement du parc carcéral ». C’est ainsi que le Syndicat de la magistrature qualifie, dans une lettre ouverte destinée aux députés, le budget de l’administration pénitentiaire pour 2018(1). Le syndicat déplore que 42 % du budget soit consacré à des investissements immobiliers au détriment du parc existant, qui se détériore « prématurément, si bien que plus d’un tiers des cellules peut être […] considéré comme vétuste ». En outre, il est particulièrement critique sur le projet d’accroissement du parc carcéral de 15 000 places, qu’il juge « inutile pour résoudre le problème de la surpopulation ». Ce dernier pourrait être réglé par l’application d’une libération sous contrainte à l’ensemble des détenus exécutant un reliquat de peine de moins d’un an, estime le Syndicat de la magistrature. Selon lui, la priorité devrait être de mettre en place des mesures alternatives à l’incarcération et de favoriser la prise en charge des personnes et leur sortie de délinquance.
Malgré l’objectif affiché par la ministre de la Justice de renforcer les alternatives à l’emprisonnement afin de changer de « paradigme », les moyens ne sont pas au rendez-vous, regrette le syndicat. En effet, bien que le projet de loi de finances prévoie une hausse de 4,5 % des effectifs au sein des services pénitentiaires d’insertion et de probation, le Syndicat de la magistrature estime que l’objectif de « 40 dossiers par conseiller d’insertion et de probation – contre 100 actuellement » –, fixé par le président de la République, ne pourra pas être atteint. En outre, les crédits alloués à la location des bracelets électroniques et aux fonds dévolus au placement extérieur connaissent, respectivement, une diminution de 27,2 % et de 26,3 % par rapport à 2017, déplore-t-il. Une orientation également dénoncée par la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP) dans un communiqué du 31 octobre. Elle fustige un budget 2018 « qui prévoit une baisse des moyens alloués à la prise en charge en milieu ouvert dans le cadre d’alternatives à l’emprisonnement ou d’aménagements de peine ». Pour elle, la création de 15 000 places de prison est « un projet faramineux qui viendrait alourdir encore de 1,4 milliard d’euros les dépenses du ministère de la Justice sur le quinquennat et amputer le reliquat disponible pour les alternatives ».