Attention, âmes sensibles s’abstenir… Dans 24 heures héro, Saphir Essiaf, éducateur spécialisé dans un dispositif pour sans-domicile fixe et professeur d’art martial, et Philippe Dylewski, psychologue, détective privé et auteur, racontent heure par heure la journée d’un couple de toxicomanes à travers les rues de Charleroi (Belgique) en quête de la prochaine dose. Nadia a la vingtaine, et déjà son lot de casseroles cabossées : violée par son beau-père, droguée depuis l’adolescence, elle se pense responsable du suicide de son frère et se prostitue dans les caves et les camionnettes. Ex-chasseur de têtes, Arnaud, son compagnon de galère, a connu une descente aux enfers progressive mais certaine, et personne, ni ses amis ni ses collègues, ne s’est baissé pour le ramasser avant qu’il n’atterrisse dans le caniveau. Ensemble, Nadia et Arnaud volent, se cament, cherchent des planques, de l’argent, les embrouilles. Chacun comptant sur l’autre pour s’en sortir un peu. « Dire qu’une vie de tox c’est l’enfer, voilà un beau lieu commun, raille Arnaud. Je n’en ai jamais entendu un dire qu’il trouvait que son existence valait le détour ou que c’était le prix à payer pour vivre libre. Tout le monde jure qu’il veut arrêter, reprendre une formation ou trouver un vrai travail, de préférence dans l’aide à autrui. Ça n’arrive jamais, même si tout le monde se raconte des histoires de miraculés. N’importe lequel d’entre nous accepterait avec reconnaissance de vivre le reste de son existence attaché à un radiateur si on lui garantissait d’avoir sa pâtée démoniaque chaque jour. » Ecrit du point de vue des deux protagonistes, le texte est brut, sale, trash et sans espoir. Le plus effarant ? Les auteurs assurent n’avoir rien inventé. Leur livre est le fruit d’un important travail de recherche : visites dans les squats le jour ou la nuit, interviews de dizaines de toxicomanes, entretiens avec des travailleurs sociaux…
24 heures héro
Saphir Essiaf et Philippe Dylewski – Ed. Fièvre jaune – 23 € – A acheter sur