Une année durant, la journaliste Lauriane Clément a suivi les cours très particuliers délivrés par Sandrine et d’autres professeurs des classes d’accueil de plusieurs établissements scolaires parisiens. Les élèves s’appellent Lisa, Nazir, Hao Cheng, Bilal, Clinton, Anik, Osama… Ils sont afghans, syriens, chinois, nigériens, bangladais, moldaves ou encore algériens et ont pris le chemin de l’exil pour fuir les violences qui déchirent leur pays natal, avant d’atterrir dans une de ces unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants (UPE2A) créées dans les années 1970. En se plongeant dans ces parcours scolaires hors norme, Lauriane Clément nous emmène au plus près des peurs, des doutes et des souffrances de ces jeunes plongés dans un pays dont ils ignorent tout, à commencer souvent par la langue. Des jeunes déracinés qui gardent en eux la nostalgie d’une terre, d’une famille, mais qui racontent aussi leurs espoirs d’une vie nouvelle, leur combativité devant les obstacles et leurs joies lorsqu’ils aperçoivent une lumière au bout de ce difficile parcours d’intégration. Aujourd’hui, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, seuls 50 % des enfants réfugiés vont à l’école primaire, 22 % à l’école secondaire et 1 % d’entre eux seulement accèdent à des études supérieures. Ecrire Liberté est aussi un hommage rendu à ceux que Lauriane Clément appelle ses « héros du quotidien », à commencer, bien sûr, par ces professeurs qui, comme Sandrine, mettent en place des méthodes et un cadre atypiques afin de s’adapter aux différents niveaux de langue des élèves. Il y a aussi ces assistantes sociales, ces infirmières scolaires et ces bénévoles dont l’engagement et la débrouillardise permettent de trouver des solutions au-delà des limites institutionnelles pour dénicher un hébergement en urgence, orienter vers un système de soins ou débloquer une petite somme d’argent et ne pas laisser un jeune au bord de la route. Une route jonchée d’obstacles, comme les difficultés d’intégration de ces jeunes migrants dans des classes ordinaires, les résistances de quelques établissements scolaires face à l’arrivée de ces publics ou les désillusions de certains jeunes au moment de l’orientation, mais qui ne doit pas faire oublier les moments de bonheur de ceux qui sont allés au bout. C’est le cas d’Anik, « décrit par ses professeurs comme un rayon de soleil », qui a obtenu 17 sur 20 à son bac blanc de français…
Ecrire Liberté. A l’école des enfants migrants
Lauriane Clément – Lemieux éditeur – 17 €