Recevoir la newsletter

Lutte contre la pauvreté : les associations ne veulent pas éluder le sujet des ressources

Article réservé aux abonnés

Satisfaites du dialogue engagé, les associations du secteur de la solidarité expriment néanmoins plusieurs réserves après le lancement par le chef de l’Etat, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre, d’une concertation sur la mise en œuvre d’une stratégie de lutte contre la pauvreté ciblée sur les enfants et les jeunes (voir ce numéro, page 11), qui devrait durer pendant six mois. Après une première réunion de travail le 21 septembre(1), peu d’annonces supplémentaires ont été livrées aux associations reçues pour l’occasion au cours d’un déjeuner à l’Elysée, aux côtés notamment d’acteurs institutionnels et de collectivités, en présence de plusieurs ministres.

Si les thèmes des prochains groupes de travail – qui devront plancher sur la prévention, l’accompagnement, l’investissement social et l’égalité des chances, l’insertion sociale et professionnelle et la mobilisation des territoires – ont été précisés, « des sujets essentiels – les familles à la rue [voir ce numéro, page 13], les minima sociaux – ont été éludés », déplore Florent Guéguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité. Ce qui illustre « une réelle réticence dans le discours présidentiel à aller sur les sujets durs de la pauvreté en France », estime-t-il, regrettant l’absence d’annonces venues « contrebalancer les mesures défavorables décidées à l’égard des publics précaires » ces derniers mois – réforme des aides au logement et diminution du volume de contrats aidés, notamment.

Rendez-vous dans six mois

« On ne peut pas reprocher le lancement d’une concertation, mais c’est différer de six mois tout aspect financier », relève quant à lui Patrick Doutreligne, président de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux). Le président de la République affiche, certes, un discours politique et économique sur l’investissement social, dans la formation notamment, mais « la rationalisation des dépenses ne peut pas être le premier angle d’attaque » pour répondre aux besoins de populations en souffrance, ajoute-t-il.

Dans ce contexte, le vieux débat sur l’activation des dépenses sociales risque de ressurgir en force. Le RSA (revenu de solidarité active) socle n’est pas revalorisé en 2018, mais le président serait ouvert à l’idée de travailler sur des pistes de « soutien financier aux personnes qui entrent dans une logique d’accompagnement », précise François Soulage, président du collectif Alerte. La question de la généralisation du RSA aux moins de 18 ans n’a pour l’heure pas été évoquée par le président de la République.

Des moyens après la concertation ?

Les acteurs associatifs comptent bien sur les travaux à venir pour faire valoir leurs priorités. Le chef de l’Etat « s’est engagé sur un plan, avec des moyens financiers, à la fin de la période de concertation », se félicite toutefois François Soulage, relevant le volontarisme affiché par Emmanuel Macron sur le sujet. « Nous avons aussi insisté sur notre attachement à une approche globale de la lutte contre la pauvreté. Les enfants et les jeunes doivent être une porte d’entrée pour aborder toutes les questions, et nous ne désespérons pas d’élargir la réflexion. » Emmanuel Macron s’est également dit prêt à « lancer un objectif ambitieux d’éradication de la pauvreté des enfants et des jeunes, à définir au cours de la concertation », note Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, qui insiste sur la nécessité de mettre l’accent sur la lutte contre les préjugés : « Sans discours très forts sur le sujet, la société continuera à être divisée. »

Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé et pilote de la stratégie de lutte contre la pauvreté annoncée, qui assistait, le 17 octobre, au rassemblement organisé par ATD Quart-monde sur l’esplanade du Trocadéro, dans le XVIe arrondissement de Paris, « a fait sienne l’idée de travailler avec les personnes concernées » par la précarité, relève-t-elle par ailleurs.

Reste que la nomination du délégué interministériel qui doit être placé auprès d’Agnès Buzyn se faisait encore attendre le 18 octobre. Un point d’étape est prévu entre tous les acteurs à la fin de l’année.

Notes

(1) Voir ASH n° 3027 du 29-09-17, p. 7.

Côté terrain

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur