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Généralisation du dispositif : une pression sur le secteur social ?

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Si le positionnement du service civique peut être amené à évoluer, la généralisation du dispositif semble toujours d’actualité. Une montée en charge qui pourrait peser sur les structures et sur la qualité des missions.

Lancé en 2010, le service civique a connu un tournant en janvier 2016, quand François Hollande, alors président de la République, a annoncé sa généralisation à l’ensemble d’une classe d’âge « au-delà de 2020 ». Pour atteindre cet objectif, l’Agence du service civique (ASC) était autorisée à « user de son autorité ». Le dispositif avait alors été réaffirmé comme un outil de cohésion sociale dans un contexte post-attentats. Cette montée en charge – passer de 92 000 jeunes en 2016 à 800 000, ou plutôt 500 000 selon une projection sur le nombre de candidats – suppose de mobiliser un nombre fortement croissant de structures d’accueil.

Terrains à défricher

L’ASC a identifié trois secteurs « porteurs de forts viviers de développement » : le médico-social, le sanitaire et les collectivités. Les structures, qui ont déjà du mal à intégrer les stagiaires des écoles en travail social, sont-elles capables de répondre à cette demande ? Selon Marie Trellu-Kane, cofondatrice et présidente de l’association Unis-Cité, qui a accueilli en service civique plus de 16 000 volontaires depuis 2010, et a expérimenté le dispositif avant sa création, « le secteur s’est ouvert. Il y a vingt ans, il fallait convaincre les établissements. Aujourd’hui, nos interlocuteurs sont attachés au dispositif, même s’il y a toujours des réticences du côté du champ du handicap ou des associations qui ont beaucoup de bénévoles ». Pour elle, il existe encore des terrains à défricher, « comme les bailleurs sociaux, qui ont de gros besoins, notamment pour le renforcement du lien social ». Plus de missions signifierait aussi davantage de risques de dérapage et une dégradation potentielle de leur intérêt. « On ne peut pas multiplier les contrôles », note le président de l’ASC, Yannick Blanc, qui annonce se diriger plutôt « vers une démarche de qualité ». Pierre Catalan, responsable du volontariat à la Croix-Rouge française, s’interroge sur l’intérêt de cette généralisation : « L’injonction à être utile a-t-elle un sens ? L’engagement devrait rester un espace de liberté. » En conclusion d’une récente étude (1), le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dit soutenir l’universalisation du service civique tout en avançant différents points de vigilance, dont « une difficile acculturation des nouvelles structures d’accueil ».

Le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron ne s’était pas prononcé contre cette généralisation et a annoncé sa volonté de mettre en place « un service national universel obligatoire » d’une durée d’un mois pour toute une classe d’âge (environ 600 000 jeunes déclarés aptes), qui permettra de « faire l’expérience de la cohésion républicaine », pour un coût estimé entre 2 et 3 milliards d’euros. Le dispositif pourrait être testé en 2019, selon une récente annonce du ministère des Armées. Difficile d’imaginer que l’Etat ait les moyens de financer une telle mesure tout en continuant d’assurer le budget du service civique (environ 300 millions d’euros par an pour ces dernières années). Pourtant, Yannick Blanc se montre optimiste : « Nous avons eu l’assurance de la part du gouvernement que le service civique serait maintenu sous sa forme actuelle, mais il pourrait jouer un rôle dans le cadre du futur service national. » La durée de ce service national soulève des interrogations : « En dessous de six mois, une mission n’a aucun intérêt » – pour le jeune comme en matière de cohésion sociale –, souligne Marie Trellu-Kane. Compte tenu de cette nouvelle donne, les acteurs du service civique vont se montrer très attentifs aux futurs débats sur le budget de l’Etat. Pour 2018, le service civique a vu son budget stabilisé, selon le projet de loi de finances annoncé le 27 septembre.

Notes

(1) « Service civique : quel bilan, quelles perspectives ? » – CESE – Mai 2017 – http://lecese.fr.

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