A l’occasion de la Journée nationale des aidants, le 6 octobre, trois enquêtes se sont penchées sur la situation des aidants familiaux et mettent en lumière les difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Notamment dans le cadre de leur activité professionnelle.
La France compte un peu plus de 8 millions d’aidants qui, chaque jour, soutiennent l’un des membres de leur famille, âgé, malade, dépendant ou handicapé. Dans le cadre de l’enquête « Argent et entraide familiale : où en sont les Français ? », réalisée avec OpinionWay, la mutuelle Carac a esquissé leur portrait. Premier enseignement, ce rôle est rarement de courte durée, puisqu’il est endossé en moyenne durant près de quatre ans et demi. Il est par ailleurs prenant : trois aidants sur dix prennent soin d’un proche de manière permanente et 17 % vivent à leur domicile avec la personne aidée. La majorité d’entre eux (55 %) s’occupent de leurs parents, en raison d’une perte d’autonomie due à leur avancée en âge. Malgré le temps qu’ils y consacrent (16 heures par semaine en moyenne), 70 % d’entre eux ne bénéficient d’aucune aide professionnelle, soit parce que le proche aidé ne le souhaite pas (30 %), soit par manque de moyens financiers (27 %). Plus de la moitié confient par ailleurs ne pas savoir où s’adresser pour bénéficier des aides auxquelles ils ont droit. La société d’aide à domicile Adhap Services s’est, de son côté, intéressée au regard que les aidants portent sur ce rôle et à l’impact qu’il a sur leur vie. Le sondage qu’elle a réalisé avec l’IFOP porte notamment sur les aides prioritaires qu’ils attendent. Parmi elles, l’instauration de compensations financières, la simplification des démarches administratives (pour le compte de la personne dépendante) ou encore la création d’un véritable statut de l’aidant.
Et du côté du monde du travail ? Selon l’étude « Agir pour les salariés aidants » réalisée par Malakoff Médéric en partenariat avec la Fondation Médéric Alzheimer, en 2017, 18 % des salariés du secteur privé se déclarent « aidant d’un proche dépendant, handicapé ou malade ». Une réalité largement méconnue des employeurs, puisque seulement 31 % d’entre eux sont capables d’estimer le nombre de salariés aidants au sein de leur personnel. Une méconnaissance qui ne favorise pas la mise en place de politiques d’accompagnement : si plus de la moitié (52 %) des entreprises affirment apporter une aide informelle et dérogatoire (autorisation d’absence, télétravail…), seules 15 % d’entre elles considèrent le sujet comme un thème devant être abordé et travaillé par l’entreprise. Une absence de prise en compte de ces situations particulières qui, selon l’étude, n’est pas sans conséquences : elle se traduit par des problèmes d’absentéisme, d’organisation du travail, de démotivation ou encore de perte de productivité.
Les intéressés eux-mêmes en sont d’ailleurs bien conscients : 45 % d’entre eux font part de difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Plus d’un sur deux déclare avoir eu des problèmes de concentration (45 %), avoir dû partir plus tôt (39 %), être arrivé en retard (29 %) et avoir pris du retard dans son travail (23 %). Stressés, fatigués physiquement et nerveusement, 36 % d’entre eux reconnaissent pâtir de baisses de vigilance et de manques d’attention au travail. Soit dix points de plus que les autres salariés. Une situation d’autant plus difficile à vivre qu’ils sont rares à en parler dans leur univers professionnel. Seul un tiers d’entre eux ont évoqué le sujet avec leur supérieur hiérarchique. Pourtant, plus de la moitié (61 %) des intéressés souhaiteraient davantage de flexibilité dans leurs horaires de travail. Ils pointent aussi un manque d’information sur les aides qu’ils seraient susceptibles de solliciter : 39 % ignorent l’existence des congés spécifiques (congé de solidarité familiale, congé de proche aidant…) prévus par le code du travail. Et 67 % se tournent vers les dispositifs classiques que sont les congés payés et les RTT.
Le Collectif interassociatif d’aide aux aidants familiaux a pour sa part formulé, le 6 octobre, ses revendications pour améliorer leur situation. Dont la prise en charge à 100 % d’un bilan de santé annuel et l’accès gratuit à un soutien moral et psychologique, ainsi qu’une meilleure prise en compte du rôle d’aidant pour la retraite.