Que la précarité nuise gravement au développement des enfants, tout le monde en est intuitivement persuadé. Ce « pré-jugé » est ici systématiquement étayé grâce au recensement précis et détaillé des recherches sur le sujet que présente Chantal Zaouche Gaudron, professeure de psychologie de l’enfant à l’université Toulouse Jean-Jaurès. Des recherches très majoritairement anglo-saxonnes, car la France en général et le champ de la psychologie du développement en particulier s’intéressent peu aux jeunes enfants qui vivent dans des conditions de vie difficiles. En matière de développement socio-affectif, différents travaux montrent un taux élevé d’attachements insécurisés chez les enfants de familles à faibles revenus et les répercussions qui peuvent s’ensuivre dans plusieurs domaines : comportement, compétences sociales, relations avec les pairs et les adultes. Les enfants des milieux défavorisés ont aussi des niveaux plus bas de fonctionnement cognitif et d’habileté verbale que les enfants issus de familles plus aisées, ainsi que des problèmes de santé majorés, notamment liés au mal-logement. S’agençant comme les pièces d’un puzzle, les données rassemblées font système. C’est bien là l’enseignement principal de l’ouvrage : les facteurs pouvant entraver le développement de l’enfant sont multiples, intriqués et, pour certains d’entre eux, cumulatifs. Pour autant, il ne faut pas confondre vulnérabilité et fatalité, mais « examiner comment les difficultés se construisent et à partir de quels déterminants » pour tenter de les déjouer.
Enfants de la précarité
Chantal Zaouche Gaudron – Ed. érès – 15 €