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Pauvreté en outre-mer : le constat préoccupant de la CNCDH

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« De tous les territoires de la République, les départements, régions d’outre-mer, ainsi que les collectivités d’outre-mer sont, sans conteste, les espaces où la pauvreté est la plus prononcée. » Tel est le constat que la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) expose dans son avis relatif à la pauvreté et à l’exclusion sociale dans les départements d’outre-mer (DOM), adopté à l’unanimité le 26 septembre(1).

Un chômage massif

Les DOM subissent un chômage massif causé non seulement par la crise de 2008 mais aussi par des caractéristiques défavorables à l’emploi telles qu’un problème d’appariement entre l’offre et la demande. L’illettrisme – nettement supérieur à la moyenne nationale – et l’inadéquation entre les formations proposées et les profils demandés sur le marché local, la carence en matière de transports en commun sont autant de freins à la réduction du chômage, explique l’avis. Le chômage massif en Guyane est également accru par d’important flux migratoires que le marché du travail n’arrive pas à absorber.

Face à ce constat, la CNCDH rappelle que « l’accès des ultramarins à l’emploi est une priorité au prix de laquelle tout effort doit être consenti ». A cet effet, elle préconise le renforcement du dispositif « garantie jeunes » afin de soutenir l’accès à l’emploi des jeunes les plus vulnérables ou encore l’expérimentation du projet « territoires zéro chômeur de longue durée », qui vise à embaucher en contrat à durée indéterminée des personnes au chômage depuis plus de un an, sur des missions qui correspondent aux besoins de chaque territoire.

Des familles monoparentales appauvries

La structure familiale en outre-mer est caractérisée par l’importance de la monoparentalité. En 2011, 53,6 % des familles sont monoparentales en Martinique contre une moyenne nationale de 25,4 %, indique la Commission nationale consultative des droits de l’Homme. Cette monoparentalité est davantage propice à la pauvreté, soulève l’avis. Pour endiguer la pauvreté des familles monoparentales et, par incidence, la pauvreté infantile, la CNCDH recommande le développement de dispositifs d’accueil pour la petite enfance et la prise en charge des personnes âgées pour faciliter l’emploi des femmes.

Un mal-logement répandu

Autre aspect de la pauvreté ultramarine, la présence très répandue de l’habitat indigne. « Dans les cinq départements d’outre-mer, on estime à 70 000 le nombre de logements indignes et informels, abritant environ 220 000 personnes », révèle la CNCDH. Afin de lutter contre ce fléau, elle recommande de modifier la loi pour l’égalité réelle outre-mer du 28 février 2017 afin de formuler une disposition contraignante pour l’Etat en matière de construction de logements outre-mer et de prévoir une mise en application sans délais. En outre, elle préconise de mener des actions pour réhabiliter les logements existants, y compris les logements informels.

Une politique de solidarité mise à mal

La pauvreté est aggravée par la défaillance des collectivités ultramarines, soulève la Commission nationale consultative des droits de l’Homme. En effet, en raison de difficultés financières importantes, les collectivités d’outre-mer peinent à assurer l’ensemble de leurs missions, dont l’octroi de prestations sociales, indique l’avis. Ainsi, la Guadeloupe a dû abandonner certains dispositifs relatifs à l’aide au retour à l’emploi en raison du « tarissement des budgets de la collectivité », révèle la commission. Il en est de même pour la Guyane qui a dû recourir, en 2015, à une aide d’urgence de l’Etat afin d’être en capacité de verser aux caisses d’allocations familiales les fonds destinés au revenu de solidarité active. En outre, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme soulève un manque de coordination des acteurs des politiques de solidarité. L’aspect multiple de la pauvreté doit conduire à un plan d’action coordonné entre différentes institutions, indique l’avis. A cet effet, la CNCDH recommande la nomination d’un délégué interministériel pour la lutte contre la pauvreté et la création de postes de préfets de la lutte contre la pauvreté.

La commission rappelle également le rôle essentiel des associations dans l’éradication de la pauvreté. Elle souhaite donc que les actions des associations soient encouragées financièrement par les pouvoirs publics.

Notes

(1) Avis disponible sur www.cncdh.fr.

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