Quel est le parcours des mineurs étrangers isolés depuis leur pays d’origine ? Comment vivent-ils leur accueil, quelles sont leurs attentes ? Pour nourrir la réflexion sur les pratiques d’accompagnement, l’Observatoire des jeunes et des familles des Apprentis d’Auteuil a mené des entretiens individuels auprès de ces jeunes en France (dans trois établissements de la fondation accueillant des mineurs isolés pris en charge par l’aide sociale à l’enfance), ainsi qu’en Italie et en Espagne. Les résultats de cette enquête ont été présentés le 26 septembre, lors d’une rencontre organisée par le think tank Vers le haut.
Ce travail qualitatif a permis de livrer des témoignages sur les motivations de départ de ces jeunes – exil décidé seul ou avec la famille –, leurs trajets et les dangers qu’ils ont rencontrés, leurs situations d’errance, l’adaptation à leur lieu de vie et leurs projets. Il en ressort notamment, relève Cédric Leva, responsable de l’Observatoire des jeunes et des familles des Apprentis d’Auteuil, que le couperet de la majorité amène les mineurs isolés vers une formation « subie ». Alors que certains pourraient prétendre à des études supérieures, « la barrière de l’âge les conduit vers des formations courtes menant vers l’emploi et le droit de rester sur le territoire », explique-t-il, déplorant que « la réflexion sur la formation arrive trop tardivement » pour les jeunes pris en charge.
Autre dimension, celle du soin. « La gestion des traumas est compliquée, car elle est soumise à des effets de retard. Après trois à six mois, le jeune peut passer d’un état de sérénité totale à un état de crise, qui peut se traduire par de l’automutilation, la dégradation des relations sociales… » Dans l’accompagnement des mineurs isolés, de façon plus spécifique que pour l’ensemble des jeunes vulnérarables, « tout est lié au temps », résume Cédric Leva.