La cité « du bien »

C’est un bâtiment incroyable, coloré et gigantesque, une cité en plein XIII^e arrondissement de Paris, un immeuble imaginé par Le Corbusier en 1933 et classé monument historique. L’architecte avait pour objectif d’en faire une « usine du bien ». Quatre-vingt-quatre ans plus tard, c’est toujours le cas. Depuis toujours, cette Cité de Refuge appartient en effet à l’Armée du salut et héberge des personnes sans logement. A l’origine, les résidents étaient en majorité des filles-mères et leurs bébés. Au fil des ans, la population a changé – la majorité des personnes sont désormais des hommes seuls et sans papiers – et le projet a évolué. C’est aujourd’hui un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de 215 places, un centre de stabilisation de 74 places et une association intermédiaire. Six journalistes reporters d’images de la chaîne Arte se sont succédé dans ce lieu pendant un an pour raconter cette société en modèle réduit. Ils sont allés à la rencontre de Kamel, qui a perdu son logement il y a cinq ans. Pour se réinsérer progressivement, il fait des petits boulots dans la Cité – il prépare les petits déjeuners des résidents. Mariama et Abdou et leurs quatre enfants se sont aussi laissé filmer. Eux attendent un logement social depuis trois ans. Abdou travaille pourtant et verse un quart de ses revenus au CHRS. Les reporters observent la vie à travers les fenêtres de la Cité. Ils interrogent Christophe Piedra, le directeur de cet établissement particulier, s’immiscent dans un rendez-vous avec l’assistante sociale ou filment le conseil de la vie sociale, qui en est à ses balbutiements. La rentrée, Noël et le Jour de l’an marquent des temps d’arrêt, tout comme la visite attendue de François Hollande à la fin 2016 et les élections de 2017. Au fil des images, les bébés grandissent et quelques sans-papiers sont régularisés.