La théorie de l’attachement, développée à la fin des années 1950 par le psychanalyste anglais John Bowlby (1907-1990), a été longue à être connue et reconnue en France, rappellent les pédopsychiatres Anne-Sophie Barbey-Mintz et Romain Dugravier, et Odile Faure-Fillastre, inspectrice de l’Education nationale, coordonnateurs de cet ouvrage collectif. En permettant de comprendre la place des adultes dans le développement de l’enfant, la théorie de l’attachement est particulièrement pertinente dans le domaine de la protection de l’enfance, explique Adeline Provoost, psychologue qui a longtemps travaillé à l’aide sociale à l’enfance. En effet, « dans les familles dysfonctionnelles, les modalités d’attachement sont souvent problématiques – au point que la question d’une séparation d’avec le milieu familial se pose », assure-t-elle. D’où l’importance, pour les professionnels confrontés à ces situations, d’outils d’observation et d’intervention comme le dispositif d’action psychoéducative décrit, qui a été conçu en Seine-Maritime à l’intention des familles d’enfants de 0 à 6 ans. De fait, s’agissant de tout-petits, la décision de placement est très délicate à prendre. Cela ressort clairement d’un entretien croisé mené par Romain Dugravier avec les juges des enfants Anne Tardy et Martine de Maximy. Il est difficile pour les magistrats de manier les concepts de la théorie de l’attachement, souligne le pédopsychiatre, et, dans certains cas, de « distinguer présomption d’un lien d’attachement existant et à préserver » et « effets néfastes d’une relation prolongée d’un enfant avec un adulte insécurisant, voire menaçant ».
L’attachement, de la dépendance à l’autonomie. Illustrations pratiques
Sous la direction d’Anne-Sophie Barbey-Mintz, Romain Dugravier et Odile Faure-Fillastre – Ed. érès – 13 €