« Prendre du recul pour redonner de l’impulsion et du souffle à nos politiques de santé. » C’est l’objectif fixé par la ministre de des Solidarités et de la Santé qui a, le 18 septembre, présenté la méthode d’élaboration et de concertation de la stratégie nationale de santé 2017-2022. Cette dernière tend, pour rappel, à « donner un cap à la politique de santé » et à garantir « la cohérence de l’action collective de tous les ministères » durant cinq ans. C’est à partir d’un diagnostic du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), présenté le même jour et relatif à la future stratégie nationale de santé, que la ministre a identifié les thèmes prioritaires de la nouvelle stratégie. Ces grandes orientations devront rythmer les travaux de concertation de la stratégie jusque fin décembre pour constituer, in fine, la « colonne vertébrale » des politiques en matière de santé. Retour sur la méthode d’élaboration du « fil conducteur de toutes les mesures et de tous les plans et programmes à venir ».
Le Haut Conseil de la santé publique a, dans son rapport(1), dressé un diagnostic « des forces et des faiblesses de l’état de santé des Français ». Parmi les enjeux prioritaires de santé identifiés par l’instance, se trouvent la multiplication des maladies chroniques, la montée des inégalités sociales et territoriales ainsi que l’adaptation du système de santé aux défis démographiques, épidémiologiques et sociétaux.
A partir de ce diagnostic, le HCSP a élaboré plusieurs « pistes pour l’avenir », retrouvées, en partie, dans les différents axes de la stratégie. L’instance recommande, notamment, de :
→ privilégier une approche interministérielle dans l’élaboration des politiques de santé, à travers des stratégies, des plans et des programmes en matière de santé. Agnès Buzyn a, à ce titre, déjà annoncé qu’en matière de prévention, « un plan national de santé publique donnera de la cohérence et de la lisibilité aux plans existants » ;
→ réfléchir de façon plus globale, en agissant sur les « déterminants de santé » (éducation, environnement social et physique, emploi et conditions de travail, revenus…) ;
→ sortir du modèle du « tout-hôpital », en privilégiant les soins ambulatoires et de premiers secours.
Les grands chantiers en matière de santé devront s’organiser, à moyen et long terme, autour de quatre axes :
→ la prévention et la promotion de la santé, « tout au long de la vie et dans tous les milieux », dont les sept objectifs ont déjà été déclinés par la ministre(2) ;
→ la lutte contre les inégalités sociales et territoriales d’accès à la santé, l’objectif étant de passer « d’une approche en silo à une approche centrée sur les besoins des patients, avec des parcours organisés ». Agnès Buzyn a, sur ce point, annoncé qu’elle présenterait un plan d’accès aux soins dès le mois d’octobre ;
→ la nécessité d’accroître la pertinence et la qualité des soins, en réfléchissant, particulièrement, à l’évolution de la tarification à l’activité ;
→ l’innovation, qu’elle soit organisationnelle, médicale, technologique ou numérique.
La ministre a indiqué que les directeurs du ministère de la Santé devront, d’ici à la mi-octobre, conduire une concertation auprès des représentants du secteur de la santé, des élus et des usagers afin de recueillir leurs attentes et leurs propositions sur les quatre thèmes de la stratégie nationale de santé. Objectif : « développer une vision de moyen et long terme, et ne pas piloter à vue les organisations ou choix stratégiques à venir », a-t-elle expliqué. Un projet de stratégie sera élaboré sur la base de ces échanges. Il sera ensuite mis en ligne, courant novembre, afin de « donner la possibilité aux Français de réagir, de faire des propositions et de partager leurs expériences de terrain ». Dans le même temps, le projet sera soumis à l’avis de la Conférence nationale de santé ainsi que du Haut Conseil de la santé publique.
Un comité interministériel de la santé se réunira en décembre pour acter le contenu de la stratégie nationale de santé. La ministre a précisé avoir déjà « sollicité [ses] collègues pour des réunions de travail » qui leur permettront, dans les prochaines semaines, de « définir ensemble les priorités communes qu’ils doivent mettre en avant ». Cette stratégie de santé sera définitivement adoptée au plus tard le 31 décembre, sous la forme d’un décret.
Agnès Buzyn a, par ailleurs, annoncé que la stratégie sera mise en œuvre dès 2018 :
→ dans les territoires, via des projets régionaux de santé, définis par les agences régionales de santé dans le courant du premier semestre ;
→ au niveau national, dans le cadre des plans et programmes que les ministères élaboreront.
(1) Stratégie nationale de santé : Contribution du Haut Conseil de la santé publique – Disponible sur