Près de la moitié (49 %) des personnes de plus de 60 ans ont connu la pauvreté ou la redoutent, révèle le dernier baromètre Ipsos-Secours populaire français sur la pauvreté en France, rendu public le 14 septembre(1). Si cette crainte reste un peu moins forte que pour l’ensemble de la population, elle a progressé de quatre points en dix ans, relève le Secours populaire dans un focus consacré à la pauvreté des seniors. Depuis 2010, l’association a constaté une augmentation de près de 50 % des demandes d’aides, venant des plus de 60 ans, particulièrement des femmes. « La détérioration des conditions de vie des seniors est manifeste dans les permanences d’accueil de l’association et paraît s’aggraver considérablement », peut-on lire dans le baromètre. La santé est le poste de dépense qui pose le plus de problèmes aux seniors, qui déclarent faire face à des « difficultés croissantes » dans ce domaine, notamment pour accéder à une mutuelle.
De manière générale, « la pauvreté prend racine », relate le Secours populaire. Ainsi, en 2017, 37 % des Français ont déjà fait l’expérience de la pauvreté et « depuis dix ans, cette précarisation ne cesse d’augmenter », puisque 47 % des catégories socio-professionnelles modestes (ouvriers et employés), ainsi que les personnes au revenu mensuel net inférieur à 1 200 euros (61 %), sont aujourd’hui plus exposées à la pauvreté.
« Ces résultats sont d’autant plus préoccupants qu’ils ne régressent pas », juge l’association. L’aggravation de la pauvreté est ainsi constatée par ses responsables à travers tout l’Hexagone, tandis que ses « bénévoles font face à une augmentation des demandes d’aides allant de 15 % à 50 % dans certains départements, comme l’Hérault ». En dépit d’une « lente reprise de l’activité économique », près d’un Français sur cinq ne parvient pas à équilibrer son budget à la fin du mois, 36 % déclarent que leurs revenus leur permettent juste de le boucler et 19 % vivent à découvert. « Parmi ces derniers, 8 % s’en sortent de plus en plus difficilement, redoutant de vivre en état de pauvreté ». En tout, « plus d’un Français sur deux s’est dit à un moment de sa vie qu’il était sur le point de basculer dans la précarité et cette proportion augmente ». En outre, ce « risque de pauvreté [est] perçu comme beaucoup plus fort pour la génération à venir ». Parmi ces publics en « grande difficulté », le Secours populaire compte beaucoup de femmes, de catégories socioprofessionnelles modestes (employés, ouvriers), de personnes peu qualifiées et de retraités. Autre phénomène inquiétant : la persistance des renoncements aux soins. « De plus en plus de personnes ont du mal à payer des actes médicaux mal remboursés par la Sécurité sociale » (39 %, en progression de trois points par rapport à 2016), signale le Secours populaire.
Enfin, les personnes sondées estiment qu’une personne seule est pauvre quand elle dispose d’un revenu mensuel net inférieur ou égal à 1 113 euros, un montant en hausse de 45 euros par rapport à l’année précédente. Une somme proche du SMIC (1 149 euros net depuis le 1er janvier 2017) et légèrement supérieure au seuil de pauvreté, qui est de 1 015 euros, selon les chiffres de la dernière enquête de l’INSEE sur les niveaux de vie (voir ce numéro, page 14).
(1) Sondage réalisé par téléphone du 23 juin au 1er juillet 2017 auprès de 1 005 personnes de 15 ans et plus, ainsi que sur un échantillon complémentaire de 277 seniors.