Symbole : faute de données disponibles, l’« état des lieux national des services CLIC et autres structures d’information et de coordination », réalisé par l’ANC.CLIC et restitué en juin dernier, n’a pu aboutir à préciser le nombre de CLIC existants… L’enquête a dû s’appuyer sur 600 structures identifiées (480 CLIC, 120 réseaux ou services apparentés). Un tiers d’entre elles ont répondu, couvrant ainsi plus de la moitié des départements.
Le premier résultat est de mettre en évidence les étonnantes disparités à l’intérieur de ce dispositif national laissé sans pilotage. Malgré les fermetures et les mutualisations, on constate que des CLIC continuent de se créer sur les territoires. « Si plus de la moitié des services de notre échantillon s’est constituée entre 2000 et 2005, plus de 10 % ont vu le jour entre 2010 et 2015 », observe l’ANC.CLIC. Côté missions, les trois quarts des répondants sont labellisés au niveau 3, soit le niveau le plus élevé du cahier des charges des CLIC. Pourtant, le décalage avec les missions réellement effectuées est tel que l’ANC.CLIC a préféré abandonner toute référence aux labels dans ses interprétations.
Idem pour les moyens. Certains CLIC couvrent des territoires de moins de 10 km2, quand d’autres, en secteur rural, s’étendent sur plus de 2 000 km2. Avec des incidences dans l’organisation et de la taille de l’équipe, qui peut varier de 1 à 10 équivalents temps plein (ETP), « sans toutefois qu’il soit toujours possible d’expliquer les différences de dotations d’un CLIC à l’autre », commente Amélie Cornilleau, chargée de mission à l’ANC.CLIC. La politique du département compte bien sûr pour beaucoup dans ce résultat, puisque le conseil départemental représente le premier financeur dans 80 % des cas, cela quel que soit le statut, associatif ou public, du service.
Sur le plan de l’activité, une projection à l’échelle nationale montre un réseau plutôt actif. L’ensemble des CLIC accueillerait chaque année entre 600 000 et 900 000 personnes, dont 80 000 à 120 000 rencontrées au domicile. Chaque CLIC ouvre en moyenne un millier de nouveaux dossiers par an, avec, là encore, « de grosses disparités et de grandes divergences d’approche », ne serait-ce qu’en accueillant ou pas des personnes en situation de handicap en plus de leur public de personnes âgées.
En dépit des difficultés, cet état des lieux confirme la pertinence et l’actualité du projet des CLIC. « Au-delà des trois niveaux du cahier des charges, on note une évolution vers des missions d’animation du territoire et d’organisation d’actions collectives », repère Amélie Cornilleau. Ainsi, 70 % des services ont développé des groupes de travail thématiques avec des professionnels ; 40 % sont impliqués dans la gouvernance d’une MAIA ; et plus du quart en sont même les porteurs. Près de la moitié sont inscrits dans les contrats locaux de santé et 20 % dans les plans régionaux de santé pilotés par les agences régionales de santé.
Au point que la jonction des CLIC avec les coordinations territoriales d’appui des dispositifs Paerpa, déjà entamée sur quelques territoires d’expérimentation, pourrait conduire à un changement de paradigme. « A un moment donné, peut-être faudra-t-il ne plus raisonner en dispositif CLIC, c’est trop réducteur », anticipe Amélie Cornilleau. De nombreux CLIC pourraient d’ailleurs être débaptisés dans un proche avenir, s’attend-elle, « soit en raison d’une fusion, soit parce que les responsables politiques voudront être au plus près des nouvelles réalités du terrain. »