Tensions générationnelles

Kevin, 17 ans, sort de prison, où sa violence l’a expédié quelques mois, et s’installe chez son oncle et sa tante. John est victime d’un inceste maternel. Autour des deux garçons, héros du film Home, un petit groupe d’adolescents flamands issus de la classe moyenne belge hésite entre l’enfance et l’âge adulte, l’errance et l’attachement, l’indécision et l’action, l’inconséquence et la responsabilité, avant que survienne un drame… Et les adultes ne leur font aucun cadeau, même si la réalisatrice se défend d’avoir cherché à stigmatiser les parents. « Je voulais montrer que la réalité dépasse parfois la fiction », explique Fien Troch, jeune réalisatrice belge dont c’est le quatrième long métrage. Car Home est en partie inspiré de faits réels. Sous l’influence assumée d’un Larry Clark, la cinéaste filme les tensions propres aux adolescents, celles qui animent leurs rapports avec les adultes et avec le monde, par le biais de jeunes acteurs non professionnels. « Nous avons tourné en équipe réduite, sans maquillage ni lumière, dans une maison où nous pouvions déplacer librement la caméra, précise-t-elle. Ils se sentaient donc à l’aise avec moi. Je ne leur disais pas toujours quand je lançais la caméra, […] de manière à saisir des moments plus organiques. » Autant d’éléments qui expliquent peut-être le naturel et la simplicité qui émanent de ce long métrage. Présenté dans de nombreuses compétitions internationales, Home a obtenu le prix du public au Festival du film de Gand et le prix Orizzonti de la mise en scène à la Mostra de Venise.