Desserrer l’étau des préjugés et des prescriptions, des « yaka » et des « faukon », tel est en substance le « travail de démineur » du superviseur qui, sans cesse, réouvre aux questionnements, aux « énigmes de la clinique, [aux] embrouilles du vivre et travailler ensemble », résume Joseph Rouzel, psychanalyste et formateur en travail social, coordonnateur de cet ouvrage collectif. Il n’y a pas une vision unique de la supervision d’équipes – ni, d’ailleurs, une unanimité sur l’emploi du terme de « supervision », auquel certains préfèrent l’expression « analyse des pratiques ». C’est bien l’intérêt de cet éventail de contributions, qui concourent à cerner la posture du superviseur. Comme pour ce dernier, pourrait-on dire en paraphrasant les propos de la psychanalyste et superviseure Isabelle Pignolet de Fresnes, l’important est de se parler, pas de se mettre d’accord. Servant de « point focal au déploiement d’une parole » qui ne concerne pas la seule pratique mais la subjectivité individuelle et groupale qui interfère avec l’action, le superviseur « permet au groupe de s’élever afin de ne plus patauger dans les soi-disant évidences souvent trompeuses », développe Claude Allione, psychanalyste et formateur. Mais, en fait, qu’attend-on aujourd’hui d’une supervision, interrogent plusieurs auteurs ? Quel est finalement le but de cet accompagnement d’équipes à « traverser les lignes de défense » ? se demande ainsi Claude Sibony, psychanalyste lui aussi. S’agit-il de soulager la souffrance des professionnels pour permettre à l’institution de ne surtout rien changer, afin de pouvoir continuer à ronronner tranquillement ?
La posture du superviseur.
Supervision, analyse des pratiques, régulation d’équipes…
Sous la direction de Joseph Rouzel – Ed. érès – 13 €