« Le collectif des associations unies [CAU] demande un rééquilibrage social des politiques du quinquennat, qui démarre avec des économies sur le dos des plus modestes. » C’est ainsi que Florent Guéguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité et porte-parole du collectif, a résumé les attentes des 34 organisations qui le composent. « Nous avons le sentiment global qu’il y a une distorsion, des contradictions, entre les objectifs affichés et les actes posés », a alerté Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, lui aussi porte-parole.
Deux échéances significatives pour la politique du logement – la présentation aux associations, le 8 septembre au ministère de la Cohésion des territoires, de la stratégie du « logement d’abord » du gouvernement, et l’annonce en conseil des ministres, le 13 septembre, des grands axes du projet de loi sur le logement attendu pour l’automne – ont amené le collectif à tirer la sonnette d’alarme lors d’une conférence de presse, le 6 septembre. Une façon d’enfoncer le clou, après une série de rencontres entre le secteur associatif et le ministère piloté par Jacques Mézard. Ces consultations avait été prévues par le prédécesseur de ce dernier, Richard Ferrand, qui avait confirmé le projet de plan pluriannuel pour le « logement d’abord » promis par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle.
Mais des mesures prises en été sont venues semer le doute sur les ambitions du gouvernement (sur les contrats aidés, voir ce numéro, page 6). Parmi elles : la réduction de 5 € des aides personnelles au logement à partir du 1er octobre(1). « Nous demandons expressément au gouvernement de revenir sur cette décision injuste et de revaloriser les APL [aides personnalisées au logement] », a insisté Christophe Robert, qui a annoncé des rapprochements avec d’autres organisations pour prévoir une mobilisation. « On fait peser sur les plus fragiles l’incapacité à réguler l’offre et la demande », a-t-il déploré, revenant sur les effets de cette réduction sur les ménages et sur l’atteinte ainsi portée à un « outil majeur de la politique du logement », contre-productive sur les plans social et économique : « avec plus de prévention, on réduit les coûts socio-économiques et sanitaires » induits par la pauvreté. Sur la volonté du chef de l’Etat d’inciter les bailleurs à diminuer le montant des loyers, « il existe l’encadrement des loyers prévu par la loi “ALUR”, appliqué à Paris et à Lille. On attend encore qu’elle le soit dans 1 100 communes », a rappelé Christophe Robert.
Les associations attendent donc des « mesures concrètes, une ambition politique et des moyens » en faveur des plus fragiles, a souligné Florent Guéguen, rappelant les conditions réclamées par le collectif pour la mise en œuvre d’une stratégie de « logement d’abord ». La première : garantir l’accueil inconditionnel en centre d’hébergement. « Jamais les associations n’accepteront d’examiner la situation administrative des personnes comme préalable ou de transmettre des listings », a-t-il ajouté, déplorant les propos d’Emmanuel Macron devant les préfets le 5 septembre (voir ce numéro, page 10), sur les « réticences » des acteurs associatifs face aux demandes faites aux agents préfectoraux de se déplacer dans les centres d’hébergement.
Le collectif, fustigeant également les annulations de crédits sur la production de logements sociaux en 2017, attend une programmation de logements sociaux « réellement abordables » et très sociaux, en doublant la production de PLAI (prêts locatifs aidés d’intégration) pour la porter à 60 000 par an. Il demande par ailleurs une réforme du financement de l’accompagnement social et l’identification de territoires pilotes pour la mise en œuvre de la stratégie du « logement d’abord ». « On a entendu l’appel, le 28 juillet dernier, du président de la République, qui ne veut voir aucune personne à la rue cet hiver et que tout le monde soit logé dignement. On a envie d’y croire, mais il faut de l’ambition et des moyens pour que la situation évolue », a conclu Florent Guéguen. Ce qui va à l’encontre d’une « politique à la petite semaine », a insisté Christophe Robert. « On ne peut pas concevoir que les coupes budgétaires aveugles et technocratiques déjà prises annoncent la structuration du projet de loi de finances pour 2018. »