S’exprimant devant les préfets qu’il a réunis, le 5 septembre, à l’Elysée, Emmanuel Macron a détaillé la politique qu’il entend mener en matière d’immigration.
Pour faire face à la crise migratoire, le chef de l’Etat a une nouvelle fois appelé de ses vœux une « refondation complète de notre politique d’asile et d’immigration ». Un projet de loi, dont la présentation en conseil des ministres est attendue pour l’automne(1), devrait être adopté au cours du premier semestre 2018.
Le texte doit prévoir une série de mesures visant à réduire les délais d’instruction des demandes d’asile à six mois ainsi qu’à faciliter la reconduite à la frontière des personnes déboutées. « Nous reconduisons beaucoup trop peu », a en effet déploré le chef de l’Etat.
S’agissant des personnes admises à séjourner sur le territoire français, Emmanuel Macron souhaite « relancer la politique d’intégration républicaine ». Aurélien Taché, député du Val-d’Oise (LREM) et récemment nommé président du Conseil national de l’habitat (voir ce numéro, page 8), sera chargé d’une mission sur la refonte de la politique d’intégration « qui devra notamment privilégier l’apprentissage du français ». Par ailleurs, un délégué interministériel à l’intégration des réfugiés doit être nommé « pour organiser leur accompagnement en matière de logement, mais aussi de santé, de formation et d’accès à l’emploi ».
Abordant la question des mineurs isolés étrangers, dont le nombre est passé de 4 000 en 2012 à 16 000 en 2016, le président de la République a demandé au gouvernement de formuler, d’ici à la fin de l’année, des propositions « pour revoir complètement la question de l’accueil et de l’accompagnement de ces mineurs, qui n’est pas satisfaisante et qui représente une charge croissante pour les conseils départementaux ».
Le discours fleuve prononcé le 5 septembre devant le corps préfectoral a été l’occasion pour le chef de l’Etat d’annoncer la présentation, d’ici à la fin de l’année, d’un plan national de prévention de la radicalisation.
Ce plan devrait, notamment, prévoir l’expérimentation d’un nouveau centre de personnes radicalisées sous main de justice alors même que le gouvernement a annoncé au mois de juillet dernier l’arrêt de l’expérimentation du centre de déradicalisation de Pontourny (Indre-et-Loire)(1). Ce dernier n’accueillait plus aucun pensionnaire depuis le début de l’année, faute de volontaires. Les caractéristiques de ce nouveau centre devraient être dévoilées lors d’un comité interministériel de prévention de la radicalisation présidé par le Premier ministre à l’automne prochain.
Par ailleurs, le gouvernement devrait présenter, avant la fin de l’année, une série de mesures pour améliorer la prise en charge des mineurs revenant de Syrie et d’Irak. Selon Emmanuel Macron, ces jeunes « ne peuvent pas continuer à relever de la prise en charge de droit commun dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance ».