« Les transformations contemporaines de nos sociétés contribuent à engendrer de profondes mutations dans le champ du travail social et plus généralement de l’intervention sociale », soulignent Brigitte Baldelli, chargée de recherche et d’enseignement à l’IRTS Languedoc-Roussillon, et Kheira Belhadj-Ziane, professeure au département de travail social de l’Université du Québec, coordinatrices de cet ouvrage collectif. Des contributeurs français, québécois et espagnols y analysent certains effets de ces changements sur les postures professionnelles. Ainsi, l’idée d’empowerment, qui rencontre un grand succès depuis quelques années. Pour le sociologue Jean-Yves Boullet, cette notion, qui « évoque par certains aspects le concept d’émancipation développé par les solidaristes à la suite de Léon Bourgeois », est intéressante pour sortir des discours incapacitants sur les populations. Mais il n’est pas si facile de passer des paroles aux actes afin de renforcer le pouvoir d’agir des personnes accompagnées, particulièrement dans les secteurs où celles-ci vivent une intervention sociale contrainte(1). C’est le cas, en protection de l’enfance, des parents dont les enfants sont suivis pour négligence. Trois chercheuses québécoises – Annie Devault, Marie-Claude Huard-Fleury et Maxime-Florence Monette-Drévillon – montrent avec finesse comment, en changeant leur mode de relation aux pères, les travailleurs sociaux peuvent favoriser l’expression et l’estime de soi de ces derniers, soit aussi leur contribution à l’intervention. Mais reste à savoir dans quelle mesure les institutions sont « prêtes à écouter les voix des acteurs faibles ».
(1) Voir ce numéro, p. XX.
Transformations sociales et transformations de l’intervention sociale
Sous la direction de Brigitte Baldelli et Kheira Belhadj-Ziane – Ed. L’Harmattan – 23,50 €