Dans l’intérêt de l’enfant ?

Journaliste, Laurence Beneux travaille depuis vingt ans sur la protection des enfants en France. Vingt ans d’un combat acharné, né de la lecture d’une pétition qui l’avait alors laissée incrédule : une « sombre histoire d’inceste familial en province, où une mère essayait, en vain, de protéger son enfant ». Plainte classée sans suite, enfant remis au père, départ de celui-ci à l’étranger avec son fils sans jamais être inquiété… Ce, au motif que la plainte déposée par la mère « mettait en péril l’image du papa dans l’esprit de l’enfant ». Une situation exceptionnelle, fruit de dysfonctionnements rarissimes ? Pas du tout. Curieuse, Laurence Beneux décide alors d’enquêter et découvre « une justice à la dérive, souvent misogyne, manquant désespérément de moyens ». Et pour laquelle l’intérêt supérieur de l’enfant, si souvent invoqué, pèse bien peu face à celui des adultes. C’est cette pelote du « fait divers pédophile » que la journaliste déroule dans Droits des femmes et des enfants. L’intolérable indifférence, convaincue que le grand public doit savoir. Elle y décrit une tolérance coupable envers les auteurs de violences sexuelles et les consommateurs de pédopornographie, un mépris fréquent pour la parole des enfants, l’inertie de la machine judiciaire, mais aussi la nécessité d’une vigilance accrue dans tous les lieux accueillant des mineurs : écoles, centres de loisirs, institutions sociales et médico-sociales. « La parole des enfants est déjà extrêmement sujette à caution, alors, un enfant trisomique ou autiste, par exemple, vous imaginez ? Même chose pour les délinquants : ces petites crapules sont des menteurs nés, n’est-ce pas ? » Difficile pour le lecteur, même informé, de ne pas en sortir abasourdi. « J’ai vu, lu, entendu tout ce que je raconte, et je n’ai pas tout pris pour argent comptant », assure Laurence Beneux. Impossible, dès lors, de ne pas entendre son appel : « Si vous partagez avec moi la conviction que nous devons à tout enfant protection, amour et bien-être, je vous en supplie : faites-le savoir. »