Ch(s)ose a été créée d’abord(1) pour faire du lobbying politique. Après avoir essayé de sensibiliser les acteurs politiques et publics à l’assistance sexuelle, nous avons voulu passer à une autre étape en organisant cette formation avec Corps solidaires. Nous avons pris le temps de la réflexion pour l’imaginer et la concevoir selon un cahier des charges très précis. Nous avons aussi voulu la programmer sur une durée assez longue, plus d’un an, sachant que les formations déjà existantes en France sur le sujet sont plus courtes(2).
Cette formation s’adresse à des personnes qui envisagent une pratique de l’assistance sexuelle sur le long terme – la sélection des candidats a d’ailleurs été drastique – et comporte 120 heures d’enseignements : elle demande donc un investissement et un engagement importants. Il fallait en outre que les personnes formées aient le temps d’assimiler et de bien mûrir les informations reçues entre chaque session. Il y en a eu trois dans l’année, le temps d’un week-end. Entre chacune d’elles, des réunions par Skype étaient programmées ainsi que des entretiens téléphoniques individuels. Les personnes suivant la formation avaient par ailleurs un travail personnel à fournir, des lectures.
Le socle de formation bâti avec Corps solidaires visait à aborder l’assistance sexuelle dans tous ses aspects : juridique, éthique, mais aussi pratique (massage, comment être bien avec le corps de l’autre), connaissance des différentes situations de handicap… Il s’agissait aussi de savoir comment permettre aux personnes en situation de handicap, en particulier celles qui ont des déficiences intellectuelles, d’exprimer leur demande. La formation a ainsi été assurée par des juristes, notamment pour aborder le cadre juridique et la dimension pénale en France, des administrateurs de Ch(s)ose, des assistants sexuels déjà formés et certifiés par l’association Corps solidaires, un sexologue, un psychologue…
Des assistants sexuels faisaient partie des formateurs : elle est donc certifiée par les pairs. Sur la question de programmer une nouvelle session, nous avons hésité, mais nous n’allons pas le faire dans l’immédiat. C’est très chronophage et nous sommes peu nombreux à pouvoir l’assurer. Nous allons peut-être laisser passer un an, observer comment les personnes qui viennent d’être certifiées mettent en pratique leur formation. L’étape suivante pour Ch(s)ose est de s’assurer que cette pratique soit possible sans difficulté pénale. Nous travaillons au sein du conseil d’administration à établir et à organiser un service de mise en relation entre les assistants sexuels et les personnes demandeuses. Ce qui est délicat car cela peut tomber sous le coup de la loi : est-ce qu’un massage sensuel ou une aide à la masturbation sont considérés comme des gratifications sexuelles et donc répréhensibles pénalement si elles s’effectuent en échange d’une rémunération ? Pour l’instant, cela se fait beaucoup sous le manteau. Il faut que cela sorte de la clandestinité et trouver le moyen de protéger à la fois les assistants sexuels, l’association et les personnes en situation de handicap.
Les représentants politiques et les députés ont largement été renouvelés. Nous ne les avons pas encore sollicités sur cette question mais cela fait partie de la feuille de route de rentrée de Ch(s)ose.
(1) Ch(s)ose a été créée en janvier 2011, à l’initiative du Collectif handicaps et sexualités, cofondée par des militants individuels et des personnes morales dont l’Association des paralysés de France (APF), l’Association française contre les myopathies (AFM), la Coordination handicap autonomie (CHA) et le Groupement pour l’insertion des handicapés physiques (GIHP).
(2) L’Association pour la promotion de l’accompagnement sexuel (APPAS) propose depuis 2015 des formations à l’accompagnement sexuel d’une durée de quatre jours. Voir à ce sujet ASH n° 2904 du 3-04-15, p. 18 et notre « décryptage » dans les ASH n° 2982 du 4-11-16, p. 22.