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Recourir à des apprentis

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Les structures du secteur ont encore trop peu recours à l’apprentissage, alors que celui-ci constitue une voie d’excellence pour former au métier d’éducateur spécialisé.
Un mode de formation à développer

« L’apprentissage rencontre peu d’engouement dans les 40 000 structures des domaines sanitaire, social et médico-social, qui ne totalisent que 4 000 apprentis », déplore la Fédération nationale pour l’apprentissage aux professions sanitaires et sociales(1). Ce mode de formation, qui permet d’acquérir des compétences, une qualification et une expérience professionnelle rémunérée en préparant aux réalités du métier, est encore mal connu des professionnels. Pour les employeurs, c’est pourtant une filière de recrutement et d’intégration intéressante. Il faut dire que l’apprentissage souffre de difficultés de financement : les associations, majoritaires dans le secteur, ne sont pas assujetties à la taxe d’apprentissage. « Mais cela reste intéressant pour les structures qui ont une convention avec un organisme paritaire tel qu’Unifaf », note Corinne Déal, directrice générale du CFA (centre de formation des apprentis) Adaforss. « Les coûts de formation sont pris en charge à 100 %, car c’est une priorité de la branche. » C’est le cas pour les éducateurs spécialisés (ES). Le salaire, qui varie selon l’âge de l’apprenti, son niveau d’études et les accords de la branche concernée, reste à la charge des employeurs. Des aides existent, comme l’exonération des charges patronales pour les organismes de moins de 11 salariés (hors apprentis).

Autre avantage, le contrat d’apprentissage est l’occasion de promouvoir des métiers moins connus. « J’ai été surprise du nombre important de candidatures que nous avons reçues en ouvrant 17 places d’apprentis éducateurs PJJ en 2015 », témoigne Liliane Brunato, responsable du recrutement pour la protection judiciaire de la jeunesse en Ile-de-France et outre-mer.

Un appui, les centres de formation

Les CFA accompagnent l’employeur dans sa démarche dès l’origine de sa demande. Ecoute des besoins, définition du profil du jeune, présélection des candidatures pour limiter le nombre d’entretiens à faire passer, soutien dans les démarches administratives, préparation de son parcours d’intégration dans la structure… « Le recrutement est une phase essentielle. Il faut choisir des jeunes avec un tant soit peu d’expérience des choses de la vie », avise Brigitte Mourant, directrice du pôle milieu ouvert à l’ADSEA 77. Sa première apprentie n’a pas tenu un mois, peu avertie de ce que pouvait être l’AEMO (assistance éducative en milieu ouvert). En moyenne, les apprentis dans le secteur ont entre 22 et 23 ans. Mais la possibilité récente de signer ce type de contrat jusqu’à 30 ans (à titre expérimental dans neuf régions) ouvre la porte à des profils plus matures(2).

L’apprenti doit être bien encadré

Contrat de professionnalisation ou contrat d’apprentissage ? Peu d’employeurs sont capables d’opérer le distinguo entre ces deux formations en alternance. Elles n’ont pas le même financement, ni la même durée (un à deux ans pour le contrat de professionnalisation, trois ans pour l’apprentissage). Mais « la principale différence est l’encadrement prévu, avec un maître d’apprentissage nommément désigné », précise Corinne Déal. Son nom, son titre et/ou son diplôme, la durée de son expérience professionnelle sont en effet à indiquer sur la déclaration préalable à envoyer au conseil régional. « C’est très sécurisant pour l’apprenant », souligne la directrice de CFA. Cette obligation de suivi du jeune peut faire peur dans les établissements. « C’est un vrai engagement pour l’ensemble de l’équipe, admet Brigitte Mourant. Ce ne serait d’ailleurs pas intéressant que seul le maître d’apprentissage intervienne. Il y a beaucoup d’échanges sur les pratiques des uns et des autres, pour que l’apprenti découvre sa propre manière de faire et d’être. »

Un contrat gagnant-gagnant

« C’est passionnant d’accompagner quelqu’un dans la découverte de notre métier pendant trois ans. Il est dans une pratique quotidienne, dans les suivis comme dans les crises, affirme Brigitte Mourant, de l’ADSEA 77. C’est un professionnel averti qui sort de l’apprentissage ! » Christine Tabourin, directrice adjointe de la MECS du Mardanson, à Torcy (Seine-et-Marne) abonde : « L’apprenti n’est pas à côté de nous, il est avec nous, au sein de l’équipe. » Elle apprécie aussi que celui-ci vienne avec ses propres connaissances, rapportées de ses cours théoriques et des stages qu’il effectue dans d’autres établissements. « Un salaire qui tombe tous les mois, une formation prise en charge, ces arguments comptent, par rapport au cursus classique d’éducateur spécialisé », pointe Riad Zaier, 24 ans, à la fin de sa deuxième année d’apprentissage d’ES au Mardanson. Surtout, il observe qu’on lui confie plus de responsabilités qu’aux étudiants stagiaires en formation initiale à l’IRTS. Corinne Déal l’affirme : « C’est une vraie voie d’excellence », avec un taux de réussite au diplôme d’ES de plus de 90 %.

Notes

(1) Voir ASH n° 3006 du 14-04-17, p. 12.

(2) Voir ASH n° 2998 du 17-02-17, p. 40.

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