Par sa position « intermédiaire », le chef de service est à la fois faible et fort, dominé et dominant. Cet entre-deux « est à la fois inconfortable pour le chef de service et insécurisant pour les équipes », affirme Germaine Peyronnet, ancienne directrice d’établissement devenue formatrice-consultante. Comme tout groupe social, ces cadres aspirent à être reconnus, à prendre la parole, et donc au « pouvoir d’agir ». Le propos de cet ouvrage réalisé en partenariat avec l’Andesi (Association nationale des cadres du social) est d’expliciter ce concept d’« empowerment » dans ses dimensions à la fois politique, psychologique, sociale et culturelle. Il répertorie les formes de pouvoirs d’agir que les chefs de service développent au sein des équipes de direction, des institutions et de leurs environnements. Notamment au travers de l’exemple du 2SAI, regroupement de services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) appartenant à l’Association départementale des pupilles de l’enseignement public du Loiret : les chefs de service racontent leur expérience coopérative, en décrivant le long processus qui leur a permis de constituer un comité de pilotage en interne afin de travailler collectivement au projet de création d’un dispositif territorial en réseau.
Directions et directions générales ne doivent pas craindre cette prise de pouvoir. Consultante pour les ESSMS, Chantal Ventura souligne ainsi qu’« être capable d’agir sans dépendre d’autrui, être capable de décider par soi-même, jouir d’une certaine liberté d’action, ne veut pas dire pour autant ne pas être intégré et ne pas avoir intégré un cadre déterminé et des contraintes ».