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« La coordination médico-sociale gagnerait à être davantage institutionnalisée »

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A Lyon, depuis 2010, les TISF de l’association ADIAF-Savarahm collaborent avec des réseaux de périnatalité. Analyse avec Aurore Lirola, coordinatrice de l’association.
Quel type de partenariat avez-vous mis en place ?

Nous avons différents partenariats : avec la PMI du Rhône et avec l’ensemble des institutions – maternités, centres d’accueil en périnatalité, CMP [centres médico-psychologiques], unités mère-bébé, service de pédopsychiatrie – qui accompagnent la relation mère-bébé. A chaque demande d’intervention, nous sollicitons une rencontre partenariale, appelée « synthèse », avec les professionnels intervenant auprès de la famille. Elle peut se tenir dans l’unité mère-bébé, à la PMI ou à la maternité. Ensuite, nous échangeons régulièrement sur l’évolution de la situation. Ces rencontres multidisciplinaires servent à échanger sur nos différentes approches et à mieux nous comprendre.

Qu’apporte une articulation médico-sociale en périnatalité ?

Confronter les regards, c’est offrir une chance pour le professionnel de santé de mieux saisir l’environnement social et matériel dans lequel évolue la famille et, si besoin, de réajuster le processus de soins selon ces éléments. De son côté, grâce à l’éclairage médical, le TISF est plus conscient de la souffrance vécue par la mère. Il peut adapter ses interventions en fonction de l’état maternel. Quant à la famille, déjà fragilisée par la situation, elle doit pouvoir compter sur un soutien cohérent. D’où l’importance de la complémentarité. Chacun doit pouvoir agir dans le respect de son champ de compétences et avec ses propres objectifs. Pas question d’empiéter sur les plates-bandes de l’autre ! Cela nécessite parfois une mise au point. De fait, il n’est pas rare que nous devions réexpliquer notre mission, le « tout-médical » en périnatal nous laissant parfois peu de place. Mais une fois que les professionnels de santé nous accordent leur confiance, ils conçoivent mieux l’intérêt d’un accompagnement à domicile en prolongement de leurs soins.

Quelle est la place du TISF dans les réseaux de périnatalité ?

Il joue un rôle important dans l’accompagnement de la famille, aux côtés, par exemple, d’une puéricultrice ou d’un pédopsychiatre. Si la prise en charge médicale de la mère est inévitable lorsqu’il y a un risque avéré de dépression, le suivi à domicile par un TISF l’est tout autant, à condition que ces deux interventions soient bien coordonnées. Prenons le cas d’une mère suivie en hôpital de jour. L’équipe lui montre comment donner le bain à son nourrisson. Chez elle, la mère peut appliquer les conseils qu’elle a reçus la journée sous l’œil bienveillant du TISF qui, s’il le faut, rappellera les gestes à adopter et encouragera la mère à se faire confiance. Pour cela, il faut que l’équipe de soins et le TISF échangent et se fixent des objectifs complémentaires.

Pourquoi l’articulation entre le médical et le social est-elle si peu développée en France ?

Des freins empêchent la bonne transversalité des pratiques. Le secret médical, aussi nécessaire soit-il, peut dans certaines situations mettre le TISF en difficulté. Ce dernier doit-il être au courant ? Un vrai casse-tête. La solution est pédagogique. Nous devons rassurer les professionnels de santé sur le rôle que nous jouons et mettre l’accent sur l’intérêt d’un travail codisciplinaire auprès des familles. Sinon, comment répondre aux problématiques qui ne relèvent pas de nos compétences ? Autre frein : la question de la dépression post-partum et de ses conséquences sur la relation mère-bébé n’est pas toujours une préoccupation pour les professionnels. Souvent, le lien avec le social ne s’applique que sur des situations individuelles. La coordination médico-sociale gagnerait à être davantage institutionnalisée pour mieux prévenir le risque de dépression au retour à domicile de la mère et de son bébé.

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