Les liens potentiels entre pauvreté des familles et placement des enfants sont souvent évoqués à mots couverts. Cet ouvrage collectif rompt l’omerta. Il élargit aussi le questionnement à l’accompagnement en milieu ouvert, spécialité de ses coordonnateurs, à savoir Jean Mick, Salvatore Stella et Stéphanie Leboyer, respectivement membre fondateur, président et vice-présidente du Carrefour national de l’action éducative en milieu ouvert (Cnaemo), ainsi que Jean-Pierre Mahier, directeur de la Sauvegarde de l’Eure. Bien sûr, ce sont les comportements des parents qui sont mis en avant pour justifier une intervention publique dans la sphère privée. Mais on peut se demander dans quelle mesure les difficultés éducatives des parents sont favorisées par leur manque de ressources (financières, culturelles, etc.) ou si ces difficultés sont simplement mieux repérées dans les milieux davantage soumis au regard des services sociaux. Pour le Cnaemo, les deux raisons ont un rôle dans la prévalence des familles en situation de pauvreté dans le champ de la protection de l’enfance. Toutefois, il s’agit moins, ici, de les développer que d’interroger les pratiques des travailleurs sociaux avec les familles accompagnées. Plusieurs contributions analysent notamment les coformations promues par ATD quart monde, qui associent intervenants et parents d’enfants confiés. Ce dispositif donne réellement l’occasion aux professionnels d’« expérimenter ce qui est de l’ordre d’une relation de pouvoir », témoigne Noëllie Greiveldinger, psychologue. Mais, précisément, « sommes-nous prêts à partager notre pouvoir ? », questionne Laurent Sochard, praticien-chercheur.
AEMO, AED : contrôle social des pauvres ?
Sous la direction de Stéphanie Leboyer, Jean-Pierre Mahier, Jean Mick et Salvatore Stella – Ed. Erès – 23 €