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La protection judiciaire de la jeunesse suit plus de 700 mineurs radicalisés

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La direction de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) a publié le rapport d’activité pour l’année 2016 de la mission nationale de veille et d’information (MNVI) relative à la prévention de la radicalisation. Créée à la suite des attentats de janvier 2015, la MNVI a pour mission, d’une part, d’assurer la coordination et le soutien aux acteurs concourant à la prévention et à laprise en charge de la radicalisation dans le cadre de la mission éducative et, d’autre part, de promouvoir les valeurs de la République à travers l’organisation d’actions à destination des professionnels ainsi que des mineurs pris en charge et leurs familles.

Après une première année 2015 consacrée à son installation(1), 2016 a été marquée par le déploiement de 70 référents laïcité et citoyenneté (RLC) au sein des directions interrégionales de la PJJ et par leur intervention croissante en soutien à la prise en charge civile ou pénale des mineurs radicalisés. Le rapport est l’occasion de dresser un profil de ces jeunes et de présenter leurs modalités de prise en charge.

Un phénomène en constante augmentation

Le rapport souligne que la radicalisation des mineurs n’est pas une « problématique dépassée ». Si elle représente moins de 1 % des mineurs pris en charge, elle concerne « une proportion en constante augmentation ».

La majorité des situations recensées relèvent d’attitudes de provocation, « sans fondement idéologique ou politique, avec une grande méconnaissance de la religion », précise le rapport. Il indique toutefois que ces cas ont tous en commun « le rejet des institutions et de la société » et se matérialisent par des propos anti-républicains, une banalisation des violences commises par l’Etat islamique ou une fascination pour la figure du djihadiste.Si, à ce jour, aucun mineur n’a été impliqué dans un attentat, le rapport fait état d’une « aggravation des incriminations pénales ».

Le public est quant à lui très hétérogène, les jeunes étant généralement non connus de la PJJ, scolarisés, souvent avec de bons résultats, mais présentent « quasiment tous le symptôme d’un malaise », l’offre djihadiste devenant pour eux une « revanche des humiliés ».

Les filles, « plus virulentes » que les garçons

Le rapport relève, par ailleurs, que la proportion de filles suivies par les services de la PJJ pour ces motifs augmente elle aussi.

En effet, en 2015, ces dernières étaient essentiellement suivies au titre de la protection de l’enfance. A partir de l’été 2016, elles ont commencé à faire l’objet de procédures pénales, pour avoir tenté de partir en zone de conflit en lien avec des réseaux djihadistes ou pour des échanges via les réseaux sociaux, notamment dans le but de commettre des attentats.

Le rapport précise que ces jeunes filles se révèlent « parfois plus virulentes et prosélytes » que les garçons, et vivent les poursuites pénales « comme une épreuve imposée par Dieu ». Une fois mis en examen, les garçons se montrent pour leur part « plus respectueux et lisses ».

La prise en charge suit des objectifs spécifiques

La prise en charge de ces mineurs radicalisés ou en voie de radicalisation poursuit des objectifs spécifiques visant à éviter le repli sur soi et les ruptures familiales, à prévenir les départs en Syrie ou encore à prendre en charge les mineurs rentrant de zones de guerre.

Les RLC ne sont pas amenés à entrer en contact direct avec les mineurs et leurs familles. Leur contribution se situe en soutien de l’action des professionnels de la PJJ, et notamment l’aide au repérage, l’évaluation et l’orientation des situations individuelles, la participation à la préparation et au déroulement de mesures spécifiques (tels les stages de citoyenneté) ou encore l’accompagnement des professionnels face aux craintes provoquées par la prise en charge des mineurs radicalisés.

Mise en place d’un logiciel dédié

Le rapport d’activité pour 2015 faisait état de la difficulté à recenser les cas de radicalisation de ces mineurs. Ce recensement se faisait par l’intermédiaire d’un simple tableau dont l’exploitation était devenue « impossible » du fait du nombre de situations recensées (plus de 700 en juillet 2016).

Pour remédier à ce problème, le rapport indique qu’un logiciel d’assistance et de suivi du traitement de la radicalisation en service éducatif (« Astrée ») est en train d’être déployé. Il devrait recenser :

→ les mineurs mis en examen dans des affaires liées au terrorisme ou dans le contexte des attentats,

→ les mineurs pris en charge en matière de protection de l’enfance pour un risque de radicalisation,

→ les mineurs pris en charge à la PJJ à un autre titre mais qui ont fait l’objet d’un signalement au magistrat mandatant pour un risque de radicalisation,

→ les mineurs pris en charge au titre de la protection de l’enfance en raison de la radicalisation de leurs parents.

Son exploitation devrait être effective au dernier trimestre 2017.

Notes

(1) Voir ASH n° 2016 n° 2965 du 17-06-16, p. 5.

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