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Accès aux soins des femmes en situation de précarité, les recommandations du HCE

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« Les femmes constituent la majorité des personnes en situation de précarité », souligne le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) dans son rapport intitulé La santé et l’accès aux soins : une urgence pour les femmes en situation de précarité, qui doit être remis le 7 juillet à Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes(1). Le HCE s’est attaché à analyser les effets de la précarité sur l’accès aux soins des femmes.

Le constat est sans appel. Les femmes en situation de précarité ont une situation de santé dégradée et ont un moindre accès aux soins, déplore le rapport qui indique que « les femmes représentent 64 % des personnes ayant reporté ou renoncé à des soins au cours des 12 derniers mois ». Le Haut Conseil à l’égalité relève quatre indicateurs reflétant l’état de santé détérioré des femmes précaires : une augmentation de 81 %, depuis 2001, des maladies professionnelles et accidents de travail ; la présence de troubles psychologiques et d’affections psychiatriques ; un suivi gynécologique et un recours à la contraception faible, avec 6,5 % des ouvrières sans moyen de contraception et 1,6 % pour les femmes cadres ; une mortalité prématurée liée à des maladies cérébro-cardiovasculaires trois fois supérieure à celle des cadres et professions intermédiaires, les femmes précaires ayant moins recours au dépistage et un mode de vie plus à risque (alcool, tabac, obésité).

Cette dégradation de leur état de santé et leur éloignement du système de santé s’expliquent, notamment, par un manque de moyens financiers, des freins culturels et symboliques et un androcentrisme de la médecine qui peut « nier certaines spécificités des femmes, au détriment d’un dépistage ou d’un traitement efficaces de certaines pathologies cérébro-cardiovasculaires notamment ».

Afin de réduire ces inégalités sociales et sexuées, le HCE présente 21 recommandations articulées en trois axes.

Mieux évaluer les risques et la pénibilité des postes

Le rapport préconise de valoriser la médecine du travail. A cet effet, les pouvoirs publics doivent favoriser le recrutement de médecins du travail et leur imposer des visites sur sites. De plus, le HCE considère qu’il est souhaitable d’étendre les types de risques rendant obligatoire la visite médicale d’embauche afin que ces risques – auxquels sont majoritairement exposées les femmes précaires – soient mieux pris en compte. Il est également recommandé de rappeler à l’ensemble des médecins du travail leur mission de conseil en matière de repérage du harcèlement moral et sexuel. En effet, selon une étude réalisée par l’IFOP en janvier 2014 pour le compte du défenseur des droits, les femmes sont plus particulièrement touchées par le harcèlement sexuel au travail, « 20 % des femmes actives, soit une femme sur cinq », en ayant déjà été victimes « au cours de leur vie professionnelle ».

En outre, le HCE préconise de mieux prendre en compte les contraintes des emplois majoritairement occupés par les femmes en situation de précarité pour permettre une plus juste compensation dans le cadre du compte personnel de prévention de la pénibilité, mais aussi pour reconnaître le lien entre les risques psychosociaux et les troubles de santé mentale. A cet effet, les troubles de santé mentale – tels que la dépression, l’épuisement, l’état de stress post-traumatique lié aux agressions – devraient être reconnus en tant que maladies professionnelles, recommande le rapport.

Adapter l’offre de soins et la prise en charge

« Les femmes doivent être mises au centre du système de soins », indique le Haut Conseil à l’égalité. Ainsi, à titre d’exemple, il suggère de financer des temps d’échange entre les patientes dans les lieux de soins afin que l’offre de soins soit adaptée aux besoins qu’elles ont elles-mêmes identifiés.

Il est également préconisé de réduire les freins financiers à l’accès aux soins en prenant « en charge à 100 %, par l’Etat, les soins dispensés aux victimes de violence de genre [y compris] les soins dispensés par des psychologues, des médecins et des psychiatres formés et spécialisés sur les conséquences psycho-traumatiques des violences ».

De plus, afin d’améliorer le taux de recours aux aides financières relatives à la santé, le rapport recommande de simplifier les dispositifs en fusionnant l’aide médicale d’Etat, l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé et la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) ainsi qu’en automatisant l’accès à la CMU-C pour les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) – 36 % des bénéficiaires du RSA pourraient bénéficier de plein droit à la CMU-C mais n’y ont pas recours, relève le Haut Conseil à l’égalité.

En outre, il est conseillé d’améliorer la formation des médecins et de l’ensemble des professionnels de santé afin que « les spécificités des femmes dans les diagnostics et les traitements [soient] mieux prises en compte ». L’endométriose est notamment encore trop méconnue par le corps médical, sept ans étant la durée pour diagnostiquer cette maladie.

Adopter une « perspective de genre »

Enfin, dernier axe, le HCE préconise de développer les statistiques sexuées afin d’évaluer le fonctionnement de différents dispositifs, notamment en termes d’accès aux soins de santé, et de « rendre visibles » les inégalités en « termes d’état de santé entre les habitantes des zones urbaines sensibles et ceux résidant en dehors de ces quartiers ».

Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes estime également que les programmes régionaux d’accès à la prévention et aux soins ont un rôle à jouer dans la promotion de l’accès aux soins des femmes en situation de précarité.

Notes

(1) Rapport prochainement disponible sur www.haut-conseil-egalite.gouv.fr

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