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Une vidéo du Secours catholique montre la précarité « à 360 degrés »

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Le réveil d’Isabelle et de Marcel sonne à 5 h 14. C’est une amie de la jeune mère qui se chargera d’accompagner son fils à l’école. Isabelle part, en covoiturage, vers une mission de ménage à temps partiel. Elle dépense sa modeste paie dans une paire de chaussures neuves pour son enfant, que ses camarades de classe traitent de « clochard ». Quand elle passe le chercher, à 22 heures, elle le retrouve avec des traces de coups… « Qui croit encore que les démunis ont la belle vie ? », lit-on à la fin de ce film de trois minutes. La particularité de cette vidéo du Secours catholique-Caritas France(1), ironiquement intitulée 24 heures de bonheur, est d’avoir été enregistrée à 360 degrés. Cela permet au spectateur de faire le tour de la scène pendant qu’elle se déroule, soit sur un smartphone glissé dans un Cardboard (visionneuse de réalité virtuelle), soit sur un ordinateur, en déplaçant avec la souris le curseur sur l’écran(2). Pendant qu’Isabelle se lève, on parcourt sa chambre, qui fait office de cuisine et de salon, et où elle dort dans le même lit que son enfant.

L’idée est de « sortir des statistiques » sur la pauvreté et de « mettre un peu d’émotion, un peu de chair » sur ces réalités, a exposé Véronique Fayet, la présidente du Secours catholique, le 27 juin lors d’une conférence de presse. « Quand on dit aux Français […] qu’il y a pas loin de 9 millions de personnes qui sont sous le seuil de pauvreté, ça ne leur dit plus rien, ça ne leur fait ni chaud ni froid », a-t-elle regretté. Pire, ces personnes se voient parfois traitées « de fraudeurs ou d’assistés » alors qu’elles ont « des vies de courage et de dignité ».

L’association mène depuis le début de l’année une campagne contre ces idées reçues, déjà illustrée par un jeu sur smartphone qui permet de « chasser les préjugés » à la manière de Pokémon Go, et par deux bus qui ont parcouru l’Hexagone en mars et avril pour porter ce message(3). Cette fois, elle a envoyé à tous les nouveaux députés, le jour de leur entrée au Palais-Bourbon, un Cardboard et les instructions pour regarder la vidéo. Elle compte renouveler la démarche auprès des sénateurs après les élections de septembre prochain. Lors de la conférence de presse, deux députés ont apporté leur soutien à l’initiative. Aurore Bergé, élue La République en marche (LREM) des Yvelines, s’est dite « très touchée » et a salué le choix d’une mère de famille monoparentale pour illustrer la précarité – un angle trop rarement employé, selon elle. Le groupe LREM, majoritaire à l’Assemblée, va mettre l’accent sur le droit à « la dignité par le travail », lequel « doit être suffisamment rémunérateur », a-t-elle assuré. Dominique Potier, député socialiste de Meurthe-et-Moselle, a décrit la vidéo comme un « coup de poing au ventre » et a souligné, entre autres, « le caractère insupportable de l’humiliation faite à un enfant ». Il s’est dit engagé dans le « combat pour une société de pleine activité », et a fait l’éloge de l’expérimentation « zéro chômage de longue durée » menée notamment dans sa circonscription.

Notes

(1) Film réalisé avec le studio SmartVR, accessible sur www.secours-catholique.org.

(2) Un Cardboard coûte autour de 5 €. Cela nécessite un smartphone équipé d’un gyroscope (pour suivre les mouvements de la tête), avec une version récente de l’application YouTube. Sur ordinateur, la navigation requiert seulement un navigateur récent, mais on ne ressent pas la même sensation d’immersion.

(3) Voir ASH n° 3001 du 10-03-17, p. 18.

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