Pôle sans emploi

Un centre de formation si peu confiant en Pôle emploi qu’il demande à un jeune homme d’avancer lui-même le financement de sa formation ; un demandeur d’emploi qui reçoit une convocation à un entretien trois heures après le rendez-vous et risque d’être radié pour ne pas s’y être présenté ; une jeune femme dont la seule et unique offre d’emploi reçue en l’espace de deux ans est périmée depuis presque un mois… Bienvenue dans La machine infernale. Racontez-moi Pôle emploi, le récit de la journaliste Cécile Hautefeuille, qui a découvert en 2011 les arcanes kafkaïens de l’institution publique à la suite d’une rupture conventionnelle avec la radio qui l’employait. De sa plongée au cœur de ce monstre complexe et froid, la jeune femme a rapporté un petit essai corrosif où les témoignages de demandeurs d’emploi et de salariés de Pôle emploi se mêlent à sa propre expérience. Elle raconte, avec humour, l’inadéquation ahurissante entre l’expérience professionnelle de certains demandeurs d’emploi et les offres qui leur sont proposées, cette sorte de « novlangue » administrative développée en interne et à laquelle personne ne comprend grand-chose, ou encore les offres douteuses, voire frauduleuses, relayées par des conseillers. Des dysfonctionnements qui peuvent avoir des conséquences terribles, comme pour cette assistante maternelle qui s’est trompée dans sa déclaration d’activité et se verra réclamer au bout d’un an et demi près de 6 000 € de trop-perçu, l’institution n’ayant pas détecté cette erreur avant. Cécile Hautefeuille tente de décrypter les mécanismes de cette énorme machine « qui n’a ni le temps, ni les moyens de traiter au cas par cas » et qui « malmène les gens de chaque côté du guichet », les agents de l’établissement public étant eux-mêmes victimes du manque de moyens, des rouages ubuesques et d’une réglementation difficile à assimiler. Durant ses années « Pôle emploi », la journaliste a lancé un blog(1) pour aider les demandeurs d’emploi à faire face à la solitude, au stress et aux moments de découragement qui jalonnent très souvent leur parcours. La machine infernale s’inscrit dans cette même volonté de rompre le sentiment de violence et d’isolement que ressentent ceux qui sont confrontés à une institution qui, parfois, « s’emballe, s’enraye, devient folle ou impitoyable ».