Comment montrer « une énigme, un ensemble hétérogène méconnu… » ? Comment rendre compte de ce travail « extra-ordinaire » qu’est le travail social, de cet indicible qui se joue lorsqu’il s’agit d’aider une personne vulnérable ? Tournant résolument le dos à toute approche académique et loin de vouloir dresser un panorama complet dans ce domaine, Arlette Durual a rassemblé ces Petites histoires de travail social comme autant de coups de projecteur sur des situations précises destinés à montrer la variété des contextes d’intervention, des publics accompagnés et des pratiques de ce champ professionnel. Assistante sociale de formation initiale et responsable des formations à l’ADEA, à Bourg-en-Bresse (Ain), Arlette Durual relate ainsi des « histoires » tirées de son expérience et de celles d’autres travailleurs sociaux croisés sur le terrain, pour essayer de « révéler ce qui se joue dans ces situations de face-à-face où il s’agit d’accueillir, de soulager, de prendre soin, d’aider, mais aussi de garder espoir, de croire qu’une autre situation est possible, de renforcer le pouvoir d’agir et/ou de décider des personnes qui pourraient en être privées ». On y croise une auxiliaire de vie sociale qui calme l’angoisse d’une dame atteinte de la maladie d’Alzheimer en lui prenant la main avec douceur, ou encore Ugo, moniteur-éducateur dans le service des grands brûlés d’un centre de rééducation fonctionnelle, qui fabrique un « rempart de doudous » pour qu’une fillette de 5 ans puisse s’endormir sans crainte. On est aux côtés de cette aide médico-psychologique dans un centre d’hébergement et de réinsertion sociale, lorsqu’elle ramène Marcel sur le chemin de l’estime de soi et de l’hygiène, à grand renfort de regards attentionnés et d’écoute bienveillante, lorsqu’elle prend sur elle pour « rester debout » et permettre au quinquagénaire de « prendre appui ». Et d’autres encore qui – au-delà des différences, nous dit Arlette Durual – ont en commun « une posture qui consiste à “rester ouvert” […], qui ne craint pas la rencontre, certaine qu’elle peut apporter, enrichir. Une posture qui considère l’autre de fait, à égale valeur ; qui n’oublie pas d’envisager cet autre du côté des possibles. »
Petites histoires de travail social
Arlette Durual – Ed. érès – 9,50 €