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« Faire participer les habitants dans le sens d’une démocratie sanitaire »

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La Fédé (Fédération des associations de médiation sociale et culturelle d’Ile-de-France) organisait le 20 juin, avec Profession banlieue et la Plateforme nationale de ressources Ateliers santé ville, une rencontre sur un projet qui l’associe à l’agence régionale de santé (ARS) pour prendre en compte la parole des habitants dans le prochain projet régional de santé. Explications de Bénédicte Madelin, sa présidente.
Comment ce travail avec l’ARS Ile-de-France a-t-il été engagé ?

A la demande de l’ARS, j’avais participé à une EIS (évaluation d’impacts sur la santé), méthode promue par l’Organisation mondiale de la santé visant à identifier les effets d’une politique ou d’un programme sur la santé des populations, avec la participation des acteurs concernés. Souhaitant organiser la participation des habitants à la préparation du projet régional de santé 2018-2022, l’ARS a sollicité LaFédé afin de travailler avec les associations de médiatrices sociales et culturelles. Nous avons échangé sur les conditions d’une coconstruction, et non d’une participation « alibi », puis avons lancé le projet avec huit associations de Paris, du Val-de-Marne et de Seine-Saint-Denis. Chacune a organisé deux rencontres locales avec une dizaine d’habitants des quartiers populaires pour recueillir leurs réflexions collectives sur la définition de la santé, les facteurs ayant une influence positive ou négative, les actions prioritaires à mettre en œuvre pour apporter des améliorations. L’ARS souhaitait aborder la santé de façon transversale, comme bien-être social, et les habitants, spontanément, ont davantage évoqué les facteurs sociaux ayant un effet sur la santé, au-delà de la seule question de l’accès aux soins.

Quel a été le rôle des médiatrices sociales et culturelles ?

Les associations ont mobilisé les habitants sur leurs quartiers d’implantation. A partir des situations vécues par les personnes au quotidien, elles ont pu les aider à expliciter les difficultés rencontrées. Elles ont permis de faire émerger des problèmes récurrents, de ce fait devenus les priorités et enjeux communs qui ont été présentés à l’ARS.

Quels sont les enjeux identifiés ?

Les rencontres ont abouti sur la définition de huit thèmes prioritaires(1). Ont beaucoup été évoqués les sujets liés au cadre de vie, notamment les questions d’insalubrité et de surpeuplement dans le logement, à l’éloignement des services publics. Le rôle de la santé au travail est aussi retenu comme prioritaire, la peur de perdre son emploi, comme le fait de ne pas en avoir, entraînant des situations de stress, mais aussi l’acceptation de mauvaises conditions de travail. En matière de souffrance psychique ressortent les problèmes d’isolement, notamment des femmes, des personnes âgées ou sans emploi. Les habitants ont aussi l’impression que des morceaux de territoire sont « réservés » aux personnes cumulant le plus de problèmes, ces difficultés pouvant aussi se recouper avec une fragilité sur le plan psychologique. L’école apparaît comme une source d’inquiétude, mais ce constat est valable pour toutes les institutions, par manque de liens et en raison du sentiment des habitants de ne pas être écoutés, d’être jugés sur leur mode de vie, mal compris. Ils expriment le besoin de recréer des espaces de dialogue, par exemple entre les parents, les enfants et les équipes éducatives. Alors qu’ils font confiance à leur médecin, à la PMI (protection maternelle et infantile), aux associations, ils ont besoin d’être rassurés sur l’image des institutions et de certains professionnels, comme les psychologues.

Et maintenant ?

Les huit groupes de travail se sont réunis fin janvier pour le bilan de leurs travaux, présentés fin avril à la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie. L’ARS a affirmé sa volonté d’associer LaFédé à la mise en œuvre et au suivi du projet régional de santé, en lien avec les habitants, même si certaines propositions seront plus difficiles à prendre en compte, par exemple lorsqu’elles sont liées à l’implantation des services publics. Elle a entendu la parole des habitants, dans le sens d’une démocratie sanitaire, qui va au-delà de la représentation des usagers du système de santé, et d’une réduction des inégalités sociales de santé. Tenir compte des problématiques des plus démunis profite à tout le monde, l’inverse ne se vérifie pas. Nous allons voir avec l’ARS comment poursuivre ces travaux dès septembre, et rendre compte de ce qui a été réalisé à partir des verbatim, car la parole des habitants est une force en soi.

Notes

(1) Information sur la santé, le logement et cadre de vie, santé et travail, santé mentale, stress et souffrance psychique, personnes âgées, alimentation, accès au médecin, activité physique.

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